On a avoir le compas dans l'oeil (1740), locution figée, au figuré, familièrement, pour « estimer, à première vue, une dimension aussi exactement qu'avec un compas. » (TLFi) On réfère à Ac.4 et aux Mémoires (1740-1750) du duc de Saint-Simon et on donne aussi comme exemple :
Les sculpteurs, les peintres surtout, redoutent l'empire de la géométrie (...) ils rappellent volontiers qu'il faut avoir le compas dans l'œil, suivant le mot de Michel Ange, sans songer que ce grand homme, avant de s'exprimer ainsi, avait eu longtemps le compas dans la main.
[ Grammaire des arts du dessin, C. Blanc (1870) ]
On note qu'on n'a pas dit avoir un compas pour œil, avoir l’œil comme un compas, avoir un compas devant l’œil ou avoir un œil-compas ; qu'on dit aussi vif comme l'éclair mais sans doute pas qu'on a l'éclair dans les jambes ; qu'on a du cœur au ventre comme exemple d'un truc à première vue similaire, mais avec la préposition à... Enfin, hormis le sens de la locution, avoir un compas dans l’œil est sans doute contre-indiqué et douloureux.
- Pourquoi on a la préposition dans dans la locution ?
- De quel sens de dans s'agit-il ici (à l'intérieur, etc.) ?
- Qu'est-ce que l’œil a de particulier sémantiquement ou conceptuellement qui puisse autoriser qu'un objet « à l'intérieur » réalise un sens d'acuité, le cas échéant ?
- Le compas dans l’œil est-il un calque de l'italien (quel mot de Michel Ange) ?