La radio a d'abord été écoutée.
En France, elle a servi de vecteur à la résistance durant la seconde (en espérant qu'il n'y en aura pas de troisième) guerre mondiale ("Ici Londres ...."), les gens avaient l'oreille collée au poste caché aux yeux et aux oreilles des voisins pour ne pas être dénoncés.
On imaginait le monde que l'on entendait.
Puis la télévision est arrivée, les images que l'on voyait aux actualités cinématographiques (suite de courts métrages systématiquement diffusés avant le film en noir et blanc enchaînant différents reportages et se terminant toujours par une actualité heureuse) étaient maintenant dans la maison, à table, durant le repas.
On voyait maintenant le monde, l'imagination n'avait plus besoin de travailler.
On pouvait même regarder les images (sans forcément les comprendre) depuis la mire fixe, jusqu'à la neige qui arrivait lorsque les émetteurs s'arrêtaient.
L'attitude de l'auditeur et du téléspectateur est entièrement différente, on peut faire autre chose en écoutant la radio, on ne peut rien faire d'autre que regarder la télévision, d'autant plus que pendant longtemps, il n'y avait aucune publicité sur les chaînes publiques (et donc pas de nécessité de garder un contact auditif si l'on s'éloignait du poste).
Il semble que l'on doit rapporter audi- à audit (examiner, juger) et non pas à une question d'oreille.
C'est donc peut-être une question d'histoire qui a entraîné l'usage exclusif du regard de ce coté-ci de l'atlantique, mais, pour un esprit cartésien, c'est un non-sens "d'entendre" ce que l'on "voit" (même si la bande son est très riche), c'est aussi une marque d'usages distinctifs des deux techniques.