Gilles Ménage, dans ses Observations sur la langue française de 1672, écrit ceci :
CLXVII. S'il faut dire fesant, ou faisant, au participe du verbe faire.
Les Parisiens disent fesant au participe du verbe faire : ce qui a esté remarqué et blamé par Béze, en son livre de la prononciation de la Langue Françoise. Neque hic mihi dissimulandum videtur vulgi Parisiensium vitium, qui faisant participium, pronunciant fesant, spondeo in jambum mutato¹ La prononciation des Parisiens a prévalu. Il faut donc dire fesant, comme on dit je ferois, et je feray.
Littré cite lui aussi Bèze et considère la prononciation en [fəz-] de faisant, faisons, faisez, faisait, etc. comme acquise.
Les autres mots de la famille de faire dont qui commencent par fais-
(faisable, faiseur, etc.) se prononcent eux aussi [fəz-].
Je n'ai pas trouvé d'explication à cette faute des Parisiens. Il pourrait s'agir d'une contamination par la racine du futur (ferai, etc.). Le verbe latin facio était régulier aux temps actifs, mais la racine fer-
remonte au moins à l'ancien français (« Nus les espees feruns vermeilles de chald sanc », dans la Chanson de Roland, cité par le TLF). L'irrégularité du verbe en Latin (au passif), et l'existence des verbes ferio (frapper, qui a donné férir) et fero (porter), combinées à la fréquence de son utilisation, ont pu contribuer à rendre ce verbe plus irrégulier.
Pour ce qui est du faisan, Littré affirme que la prononciation [fezɑ̃] (qui est aujourd'hui la seule) est minoritaire et due à une assimilation de faisant. Les deux racines sont effectivement les seules à avoir produit des mots commençant par fais-
suivi d'une voyelle.
¹ Je m'essaie à traduire : et à ce sujet j'ai pu constater que le peuple parisien commet une faute, en prononçant fesant le participe faisant, et je m'engage à changer ??.
fesait
). Question que j'avais posé à ma mère, prof. de français et pour laquelle je n'ai toujours pas de réponse...