Cela vient de l'ancien français ou "grande" s'écrivait "grand" (on prononçait les lettres en fin de mot jusqu'au XVIIe siècle) et son masculin s'écrivait "grant".
Depuis, en français moderne, on rajoute un "e" au féminin en adéquation aux règles de français moderne.
D'autres expressions s'écrivent encore avec des formes figéesfigées*
, comme "grand-mère", "grand-soif", "grand-faim", "grand-route" (etc...) par exemple.
*Les critères qui définissent qu'une expression est figée ont été définis par Maurice Gross:
1 -La polylexicalité.
Une expression figée correspond à une séquence de plusieurs mots, dont chacun doit avoir par ailleurs une existence autonome. Soit l'expression ci-dessous : Les murs ont des oreilles . Les termes « murs » et « oreilles » ont bien une existence autonome, attestée par leur présence dans les dictionnaires.
- L'opacité
sémantique Dans une expression traditionnelle, le sens de la séquence est le produit de celui de ses éléments composants : c'est le concept de compositionnalité. Ainsi le sens d'une phrase est facteur de celui de ses arguments. Prenons un exemple de phrase dont le sens est compositionnel : L'enfant lit un livre. La phrase entière a un sens grâce à la combinaison des sens dits classiques de « enfant » « lire » et « livre ». Une expression figée ne relève pas de ce genre de lecture. Elle se heurte à une opacité sémantique. Pour reprendre notre exemple, « les murs ont des oreilles » signifie « on peut nous entendre ». Selon la démarche compositionnelle, le sens devrait être le produit du sens de « murs », « avoir » et « oreilles ». Ce n'est pas le cas car le sens d'une expression figée ne peut se déduire de celui de ses composants.
- Le blocage des propriétés
transformationnelles. Une expression figée ne peut être transformée syntaxiquement. On ne peut pas dire :
- Ce sont les oreilles qu'a eut le mur . (extraction)
- Le mur les a . (prominalisation)
- Les oreilles que le mur a eu . (relativation) L'opacité sémantique et les restrictions syntaxiques sont étroitement liées. Le phénomène du figement « transcende ce qu'on appelle généralement les différents niveaux de l'analyse linguistique et une description qui ne serait que syntaxique ou sémantique ne retiendrait qu'une partie des faits ».
- La non-actualisation des éléments.
Les éléments d'une expression figée ne sont pas susceptibles d'être actualisés. Par exemple, on ne peut pas dire : Les murs ont des (*une, *ces) oreilles.
- Le blocage
des paradigmes synonymiques. Dans une expression figée, il est impossible de remplacer un élément par un de ses synonymes.
- Les cloisons ont des oreilles.
- Les murs possèdent des oreilles.
- L'impossibilité d'insertion.
Il est impossible d'insérer des éléments supplémentaires dans une expression figée. A la différence des suites libres, où on peut insérer des éléments tels qu'un adjectif, une relative, une incise ou un adverbe d'intensité, à des endroits précis. Il est impossible de dire :
- Les murs ont des oreilles sales.
- Les murs, qui ont été construits l'année dernière, ont des oreilles.