Les plus anciennes occurrences de « langage de programmation » sur Google Books sont :
Un livre de 1932 intitulé Nucleus (dont l'auteur n'est pas indiqué), dans cette phrase :
Il est ainsi possible de voir la quasi-totalité des mécanismes que l'on est susceptible de rencontrer tout en gagnant une connaissance du langage de programmation de machines utilisables pratiquement.
Des articles scientifiques d'informatique à partir de 1957 :
Etude des systèmes de codage et étude du système Fortran comme langage de programmation. [Bulletin analytique: Volume 20, Part 1, Issues 40744-60861]
Ainsi définie, l'opération symbolisée permet de conserver un langage de programmation aussi proche que possible du langage mathématique habituel à l'utilisateur. [Revue française de traitement de l'information, 1958]
une annonce pour Hatier (?).
Aujourd'hui, Hatier dispose de son ropre langage de programmation, de ;s méthodes de production et d'un vier de 80 auteurs capables de ïaliser des logiciels.
À l'époque, l'innovation dans le domaine se faisait surtout en langue anglaise, il était donc naturelle de transposer au plus près « programming language ». Quand à un hypothétique « langue de programmation », on n'en trouve aucune trace en France. Par contre, en cherchant "langue de programmation"
sur Google, on tombe sur de nombreuses occurrences canadiennes, le terme semble admis en français québecois (ce que j'ignorais jusqu'à maintenant).
Alors, anglicisme en France et construction plus conforme au génie de la langue au Québec ? Je n'ai pas l'impression.
D'abord, la distinction entre langage et langue a évolué au fil du temps, et en particulier l'utilisation de langue française à l'exclusion que langage français, remonte au XIXe siècle (Le Dictionnaire de l'Académie française ne la fait qu'à partir de sa 7e édition en 1878).
Ensuite et surtout, le mot langage peut aussi désigner un système de communication codé, par opposition à la langue qui est un système d'expression direct. Ce sens remonte à bien longtemps ; même avant la Pascaline, on parlait de langage d'oiseaux. La 9e édition du Dictionnaire de l'Académie (1932) dit ceci du mot langage :
Il désigne plus particulièrement la Manière de s'exprimer, soit par rapport aux mots qu'on emploie, soit par rapport au sens. Langage figuré, allégorique, mystique, poétique, orné, affecté, fleuri, pompeux. [...] Il se dit, par extension, des Cris, du chant, etc., dont les animaux se servent pour se faire entendre. Les oiseaux ont une sorte de langage. Le langage des bêtes. Il se dit encore, figurément, de Tout ce qui sert à exprimer des idées et des sensations. Langage du geste, des yeux. Le langage symbolique des fleurs. La pantomime est un langage muet. Le langage des signes. On a composé, pour les sourds-muets, un langage au moyen de divers mouvements de la main et des doigts.
Ou, pour reprendre les définitions proposées par le Trésor de la langue française :
II.A.1. Usage particulier d'une langue, manière de parler. [...]
En particulier. Ensemble des règles de la grammaire, des règles concernant le lexique d'une langue donnée. [...]
Langage diplomatique, langage administratif, langage mathématique, langage géométrique, ...
2. Ensemble des moyens d'expression particuliers à un art, ou utilisés par un artiste pour créer une œuvre. Langage chromatique, musical.
Il est donc logique de parler du langage de la programmation. Ce qui est peut-être un peu moins direct, c'est de parler d'un langage de programmation. C'est toutefois un usage qu'avaient déjà les mathématiciens.
[Leibniz] concevait la notion de langage formalisé, pure combinaison de signes dont seul importe l'enchaînement, de sorte qu'une machine serait capable de fournir tous les théorèmes, et que toutes les controverses se résoudraient par un simple calcul (Bourbaki, Hist. math., 1960, p. 16). [cité par le TLF, §II.B.2 : langages artificiels, établis en fonction d'axiomes, de règles d'écriture]
La forme langage de programmation me semble donc bien être d'un lignage tout à fait respectable en français (de France).