Il s'agit d'une apostrophe (2) ou d'une interpellation, et « ô », généralement une interjection, en est souvent l'introducteur spécifique dans la langue littéraire. La particularité est que « [l]e mot en apostrophe appartient à la deuxième personne grammaticale » (Le bon usage, Grevisse et Goosse, ed. Duculot, au §376, que l'on consultera pour plus de détails), ce qui correspond au vocatif1 en latin, d'où (tu) suis :
Adieu, meuse endormeuse et douce à mon enfance,
Qui demeures aux
prés, où tu coules tout bas
[ Peguy, Morceaux choisis]
Il ne faut pas confondre ces cas avec ceux de l'apposition et de l'injure (+ impératif, par exemple). On dit (LBU) cependant que la nuance est en effet parfois assez subtile et l'exemple présenté ainsi que le suivant sont donc matière à réflexion :
Ô plaisir, bélier qui te fêles le front et qui recommences.
[ Colette, Le pur et l'impur, Pl. ]
1 Tel le fameux prototype césarien « tu quoque, filī » , que César a sans doute dit en grec, si du tout.