Le gouvernement du Canada peut a priori sembler une bonne référence linguistique en français et en anglais. Il est mentionné sur leur site que la prononciation [alkoɔl] du mot alcool serait un anglicisme phonétique. Je n'en ai personnellement jamais remarqué d'autres jusqu'à ce qu'un jour de ma treizième année, un ami m'affirme péremptoirement que je me trompe et qu'il faut dire [alkɔl]. On vérifiera rapidement qu'il avait les dictionnaires de son côté, ainsi que l'opinion du gouvernement du Canada.
Cependant, comme je ne démords pas rapidement et que j'ai éventuellement lu Rabelais, qui m'a initié à la très dynamique mouvance du français oral, j'ai cherché à connaître l'ancien usage concernant la prononciation de ce mot. J'ai trouvé cette référence (Traité complet de la prononciation française dans la seconde moitié du XIXe siècle), qui a selon moi l'avantage d'être contemporaine des prononciations qu'elle décrit. On y lit que la prononciation formelle au XIXe siècle serait [alkoɔl] (le transfert vers l'alphabet phonétique international est de moi), et que la langue familière supprime un o et dit [alkɔl].
Mes questions:
Le Traité complet de la prononciation française dans la seconde moitié du XIXe siècle est-il une référence fiable?
Doit-on considérer la prononciation [alkoɔl] comme un anglicisme, ou comme le vestige d'une prononciation ancienne, à la rigueur entretenue par la proximité de la langue anglaise dans l'histoire et la géographie du Canada francophone?
Si l'anglicisme est rejeté dans la question précédente, la position du gouvernement du Canada peut-elle se justifier par une stratégie politique quelconque, ou serait-elle simplement mal informée?