Effectivement, j'ai aussi tendance à ne pas appliquer la prononciation normale du pluriel de « des bœufs bourguignons » lorsque'il s'agit de la locution : je mange [de.bœf.bur.gi.ɲɔ̃] le dimanche alors que je vois [de.bø.bur.gi.ɲɔ̃] dans un pré. De même pour « des œufs Kinder » [de.zœf.kin.dɛʁ] ne sont pas « des œufs durs » [de.zø.dyʁ], « des os à moelle » [de.zɔ.sa.mwal] (ou [de.zɔs‿a.mwal] ?) mais « des os à ronger » [de.zo.a.ʁɔ̃.ʒe].
Il y a quelques expressions figées dans lesquelles une prononciation figée est documentée. La BDL Québécoise cite par exemple « bœuf gras » [bø.gʁa], « paquet d'os » [pa.ke.dɔs], « en chair et en os » [ɑ̃.ʃɛʁ.e.ɑ̃.ɔs]. Littré cite aussi « bœuf salé » [bø.sa.le]. (Il y a aussi des variations régionales et individuelles, je ne rentre pas là dedans.) Je ne trouve pas de référence pour « bœufs bourguignons » et « os à moelle ». Cela n'expliquerait pas pourquoi « œufs Kinder » serait prononcé différemment.
Pour « œufs Kinder », le fait que « Kinder » n'a pas une sonorité française (la première syllabe se termine par [n], et la succession de sons [ind] est impossible en français) influe sans doute à adopter une prononciation plus « lettre par lettre » comme on le fait pour des mots étrangers : on prononce donc plus volontiers le « f ». Je doute cependant que ce phénomène soit déterminant.
Ces expressions ont en commun que le mot dont la prononciation change au pluriel est au milieu d'une expression idiomatique, qui est par certains côtés perçue comme un seul mot. Or en français la marque du pluriel se trouve toujours à la fin du mot. C'est plus flagrant (et mieux documenté) lorsque la prononciation et l'orthographe changent tous les deux au pluriel. Par exemple « un œil-de-bœuf », « des œils-de-bœuf » [œj.də.bœf] ; « un œil-de-chat », « des œils-de-chat » [œj.də.ʃa] (mais « des yeux de lynx », l'expression n'est pas assez figée). Je pense que c'est cela qui explique qu'il se forme de nouvelles exceptions où l'on prononce un pluriel comme le singulier.