Dans le corpus de Google Ngrams, on voit qu'“une auteure” décolle très vite à partir de 1980 et a largement dépassé “une auteur”, que l'on rencontrait de temps en temps. “Une autrice”, admis autrefois, est maintenant tombé en désuétude. “Une auteuse” et “une autoresse” n'ont jamais vraiment trouvé preneur.
Par contre, ils sont tous trois très peu employés comparés à “un auteur”. Le diagramme suivant compare la fréquence relative des féminins d'auteur avec celui, incontesté, de conducteur.
Pendant un temps, en gros au 19e siècle, on utilisait l'expression “une femme auteur”. Cette formule a été éclipsée par l'envolée d'“une auteure” autour de 1980. . Christine Planté analyse cette expression dans “Elle n'eut d'ailleurs rien de la femme auteur” (dans George Sand lue à l'étranger : recherches nouvelles 3, Actes du Colloque d'Amsterdam, 1995).
Si l'on essaie de classer par pays (attention, ces décomptes ne sont pas du tout fiables) :
- Il y a environ 4 500 000 occurrences de
"un auteur"
sur les sites .fr
, environ 50 000 de "une auteur"
et à peu près autant de "une auteure"
.
- Sur les sites
.be
, on trouve environ 200 000 "un auteur"
, 2500 "une auteur"
, et 4000 "une auteure"
.
- Sur les sites
.ca
, on trouve environ 150 000 "un auteur"
, 8000 "une auteur"
, et 20 000 "une auteure"
.
Je ne sais pas à quels point ces approximations sont fiables (si quelqu'un a un meilleur corpus à suggérer, je suis preneur), mais il semblerait quand même que “une auteure” est plus employé au Québec qu'ailleurs, et est très minoritaire ailleurs. Quant à “une autrice”, il est marginal sur le web.
L'histoire du féminin d'auteur, ainsi que celui d'écrivain, a passionné de nombreux historiens de la langue, sociologues et féministes. Aurore Evain a notamment écrit une savante (bien que basée sur un corpus restreint) Histoire d'autrice, de l'époque latine de nos jours [sic], dans laquelle les formes auteuse et auteure sont aussi évoquées. Elle décrit les usages ainsi :
En 1998, la nouvelle commission mise en place par Lionel Jospin « ose » le féminin auteure, selon un principe de précaution qui avait déjà guidé le choix des Québecois en la matière, et malgré les autres usages en cours dans la francophonie, la Suisse et l’Afrique francophone employant quant à eux le féminin autrice.
En résumé, le choix le plus neutre politiquement reste encore un auteur en France, en Belgique et en Suisse, alors qu'une auteure passera bien au Québec, et une autrice peut-être en Afrique.