Apparemment le /t/ de /œ̃ɡʁɑ̃tɔm/ ou de /gʀãtõkl/ est la survivance et résurgence dans ce contexte de liaison du dévoisement en position finale des occlusives sonores, phénomène opérant en ancien français et bien connu dans certaines langues comme l'allemand ou le russe :
- Weg /ve:k/, chemin
- рад /rat/, content
L'article sur le dévoilement final de Wikipédia en parle :
L'ancien français connaissait le dévoisement final, qui n'était que parfois noté graphiquement. Il se remarque notamment dans la dérivation lexicale :
corp ou corb ~ corbel (« corbeau » dans les deux cas)
vert ~ verdoier
lonc ou long ~ longuet
nuef ~ novel (« neuf » ~ « nouveau »)
crois ~ croisier (« croix » ~ « croiser »)
Le dévoisement final a disparu du français moderne, à la suite de la chute de la plupart des anciennes consonnes finales et à l'amuïssement du e caduc, qui a exposé toute une série de nouvelles consonnes en finale, sourdes comme sonores. Il en reste cependant quelques traces dans l'alternance morphologique de f et v (par exemple entre neuf et neuve, vif et vive) et dans la liaison, lorsqu'elle fait réapparaître d'anciennes occlusives, lesquelles demeurent sourdes (par exemple avec une liaison [t] dans grand homme, prend-il et marginalement dans la liaison en [k], aujourd'hui obsolète comme dans sang impur, long article dans une diction traditionnelle). En revanche, les fricatives sont sonores en liaison, qu'il s'agisse de la liaison courante en [z] (gros homme, deux enfants) ou de celle rare en [v] dans certaines expressions figées (neuf heures, neuf ans). Dans la prononciation de six et dix, le [s] sourd final à la pause se sonorise en [z] en liaison.
Certains attribuent le phénomène à une influence du vieux-francique sur l'ancien français.