Pour moi, le « 22 » des linotypistes est de très loin l'explication la plus probable. Les corporations de l'époque avaient des argots propres qui ont influencé fortement les expressions de la langue commune. Un exemple très parlant est le louchébem, l'argot des bouchers, dont l'influence sur l'argot des « apaches » est très largement établie.
Il est assez illusoire de penser que les arsouilles parisiens, pauvres et illettrés, se soient préoccupés de la longueur précise, en centimètres, de leur couteaux.
De plus, le couteau n'a jamais été une arme très efficace en combat de rue, et particulièrement pas dans une bataille rangée entre par exemple les forces de l'ordre et une bande, ou entre bandes. Le bâton (plus tard le manche de pioche, à cause de sa disponibilité) est bien plus efficace et meurtrier.
Le couteau est à l'époque l'arme de proximité facilement dissimulable pour frapper une cible à l'improviste dans une foule, et certainement pas une arme de bataille. Pour rappel, jusque récemment les citoyens de bonne famille ne quittaient pas leur domicile sans une cane ferrée, en partie pour l'esbrouffe mais surtout pour l'autodéfense. Je parle ici du début-milieu du 20e siècle, pas du temps des dinosaures.
Les explications impliquant « dieu » (Vain dieu, vingt dieux, etc.) sont à mon sens totalement anachroniques, la langue populaire les ayant à ce moment abandonnées depuis longtemps -au moins plusieurs décades- sous les pressions combinées de l’église et de l’État.
L'explication la plus probable à mon sens est donc que l'expression « 22 », utilisée par la corporation des linotypistes pour signifier secrètement « attention » a été reprise par d'autres à cause de sa brièveté et de sa facilité d'utilisation.