A. Dans une autre question on aborde l'emploi par métonymie de la profession pour indiquer un lieu; on évoque aller au coiffeur pour chez le coiffeur, dans le sens de l'endroit où il/elle exerce le métier. Dans Le bon usage (Grevisse et Goosse, ed. Duculot, §209, note R2) on ajoute :
Notez qu'on ne dit pas je vais dîner au coiffeur, car il ne s'agit pas alors du salon de coiffure. On ne dit pas non plus : je vais à un coiffeur, à mon coiffeur.
B. Par ailleurs, certains verbes peuvent être utilisés comme semi-auxiliaires et se comportent alors de manière particulière en termes de sens quand ils sont ainsi conjugués et employés avec un infinitif (le participe présent est aussi possible; aller saluant) qui n'est pas complément. En particulier, le sème de déplacement du verbe aller est altéré ou sinon dissout (je vais manger ; comparer avec je vais aller manger), glissant vers l'idée de proximité temporelle, rendue par la fonction grammaticale du futur proche.
Cet emploi semi-auxiliaire génère une périphrase verbale : généralement un outil permettant de faire ressortir certaines caractéristiques propres à une réalité qu'il est parfois difficile de rendre autrement ou simplement. Pour l'identifier, un des principaux critères est que l'infinitif dont on a traité ne doit pas pouvoir être pronominalisé (ils veulent déménager; ils le veulent). La périphrase semble être un vecteur de grammaticalisation. Certaines constructions verbales peuvent avoir des fonctions plus ou moins comparables à celles de la périphrase.
Réflexions : A' ∩ B | A' ∪ B | A', B | ?
(1) Je vais (aller) chez le/au coiffeur.
(2) Je dois aller chez le/au coiffeur.
(3) Il faut que j'aille me faire couper les cheveux.
- Le sens relié à la vocation très usuelle d'un endroit vers lequel on se dirige est-il en compétition avec celui du lieu ponctuel ou du déplacement vers celui-ci ?
- Le lexique associé au complément (au coiffeur → au salon de coiffure → où on se fait couper les cheveux...) a-t-il une incidence sur le sens d'aller (1) ou de devoir aller (2) indépendamment de l'idée de semi-auxiliaire ?
- Dans ce deuxième exemple, est-ce une forme d'emploi factitif et de métaphore pour rendre l'équivalent de (3) ; est-ce que ça s'analyse comme devoir y aller ou devoir (se le faire) faire ?
- Sans contexte (je n'ai pas de cheveux ; j'y suis allé hier ; ça fait 3 ans que je ne me suis pas fait couper les cheveux) peut-on affirmer qu'il existe une différence de sens entre (2) et (3) ?
- Y a-t-il un lien à faire entre la périphrase prépositionnelle en train de, et la phase du procès de l'action d'aller au coiffeur (emploi non semi-auxiliaire) au moment de l'énoncé (en d'autres termes, aller chez le coiffeur, est-ce concevable en tant que phase très préliminaire de l'action d'être en train de se faire couper les cheveux et quel serait l'impact d'une telle qualification, est-ce vers quoi l'usage tend) ?
Q. Pourquoi la métonymie ne s'étendrait-elle pas à l'activité usuelle du lieu (comme on étend la profession au lieu où elle s'exerce) avec le verbe aller et quelle est l'interaction d'un tel complément avec l'emploi semi-auxiliaire des verbes ; le prototype aller au/chez le coiffeur constitue-t-il une périphrase verbale « implicite » signifiant aller se faire couper les cheveux ? Pourquoi, pourquoi pas ?