Le sujet1 est celui de la prononciation du déterminant démonstratif ce (masc. sing. avec cons.) / cet (masc. sing. avec voyelle, avec exceptions) / cette (fem. sing.) / ces (pluriel) dans certaines situations. Dans certains cas, soit en fonction de règles de phonétiques (1), soit, dans la langue plus populaire, selon que le mot qui suit commence par une voyelle phonétiquement (2)(3), soit, de manière encore plus populaire, quand le mot suivant commence par une consonne (4) ; dans ces cas le e du déterminant peut être affaibli ou devenir muet :
(1) ce matin [smatɛ̃]
(2) cet homme [stɔm]
(3) cette affaire [stafɛr]
(4) cette femme [stəfam ; le premier e de cette tombe]
Historiquement, on a un exemple usuel de ce genre de prononciation avec à cette heure : asteure (Queneau) ; asteur (A. Maillet).2
Au masculin, devant une consonne, comme on l'a vu dans (1), c'est normalement le [s] qui reste quand le e de ce s'amuit (5A). On a un phénomène particulier à Paris et au Québec3, notamment, où on a semble-t-il aussi dans ce cas familièrement [stə] (5B), comme dans (4) (féminin + cons.) :
(5A) C'chien [sʃjɛ̃]
(5B) Çte (c'te/ç'te) chien [stəʃjɛ̃]
Si on ajoute aussi une interversion (6C ; ce « à l'envers »), qu'on utilise un nom plus usuel (gars) et qu'on renforce avec l'adverbe (là), on obtient :
(6A) C'gars-là [sɡa-la]
(6B) C'te gars-là [stəga-la]
(6C) Ec gars-là [əsga-la]
Question :
- Est-ce qu'on entend 6B (sans adverbe) familièrement ailleurs qu'à Paris et au Québec ?
- Lequel des trois utilise-t-on le plus couramment ?
- Entend-on aussi (6C) ?
... et où ?
1. La présentation du sujet suit celle du §615 dans Le bon usage (Grevisse et Goosse, ed. Duculot).
2. Graphies basés sur anciennes formes étayées au FEW/Wartburg (astheure : maintenant etc., chez Henri IV, Montaigne ; en picard, normand, wallon etc.).
3. Quelqu'un qui ne sait pas (comme moi) aurait pu penser qu'il s'agissait de phénomènes de métathèse/interversion (c-et/c-te) avec (2) ; mais avec ce masculin+consonne (Paris-Québec) (1), c'est ce, un son est ajouté pour obtenir [stə], et ça ressemble ainsi davantage à l'épenthèse, un sujet intéressant.