Bouger.
Ce Verbe ne veut point régir de Nom : il est abſolument neutre. Par exemple ils ne bougèrent point ; & non pas, ils ne ſe bougèrent point, comme a écrit M. de Malherbe en ſa traduction de Tite-Live [ceci ?] . Cela eſt du pays de Normandie.[ Nouvelles remarques de M. de Vaugelas sur la langue française (posthume) , Claude Favre de Vaugelas ]
Se bouger est rare en dehors de la langue parlée familière, même si anciennement la forme pronominale était plus courante que la forme transitive sans pronom ne l'est devenue au 17e. (Le bon usage, Grevisse et Goosse, ed. Duculot, 14e, § 781). On avait identifié qu'avec le verbe remuer, on pouvait dire de quelqu'un qu'il remuait ou se remuait tout le temps, mais que sous l'effet du vent, on n'acceptait seulement que les feuilles remuassent. On a aussi remarqué la propension de certains auteurs du nord de la France a utiliser des constructions pronominales particulières avec des inanimés, parfois sans valeur passive, dit-on. Et on donne en particulier ces exemples du 19e :
(1) — Sa robe de lin, alourdie par les grelots qui s'alternaient sur ses talons avec des pommes d'émeraude. (Flaubert)
(2) — Les jupes se bouffaient.(Flaubert)
(3) — Des primevères s'étaient écloses. (Flaubert)
(4) — Quoiqu'il eut bien, de temps à autre, quelque boulette de papier lancée d'un bec de plume qui vînt s'éclabousser sur sa figure. (Flaubert)
(5) — Les rayons du soleil couchant traversaient en oblique les persiennes closes et s'éclaboussaient sur les assiettes et les plats. (La Varende)
- Qu'est-ce que ces auteurs veulent communiquer, avec ces emplois pronominaux, que l'emploi non pronominal réaliserait différemment ici, en termes de sens, de registre, de style etc. ?
- Pourquoi cet usage se manifeste-t-il encore chez ces auteurs du nord de la France bien longtemps après qu'il ne soit devenu moins usité ? Les deux premiers exemples de Flaubert sont-ils vraiment inusités aujourd'hui ?
- Généralement, y a-t-il une raison pour laquelle on employait davantage de formes pronominales en Normandie (sur quoi repose ce normandisme) ?