Certes, le français « chez-soi », et ses dérivés, n'a pas la charge émotionnelle que peut parfois avoir l'anglais home mais le français dispose de plusieurs noms pour exprimer ce concept et on pourra parfois préférer un autre mot que « chez-soi » selon le contexte.
Chez-soi (n.m.) (qui va se décliner avec le pronom approprié) est peut-être le plus neutre (avec « maison » qui ne rentre pas dans mon propos ici). Il peut être employé au sens propre :
J'arrive de chez moi.
Mettez-vous à l'aise, faites comme chez vous.
ou au sens figuré :
« Ce privilège d'être partout chez soi n'appartient qu'aux rois, aux filles et aux voleurs. » (Splendeurs et Misères des courtisanes, Honoré de Balzac)
Foyer (n.m.)
Son étymologie (du latin focarius, feu) confère une certaine valeur affective à l'emploi de ce mot dans son sens figuré. C'est le terme que je choisirais pour exprimer ce que tu appelles emotional connotation.
« C'est que la reconnaissance de Pénélope, donc l'identité d'Ulysse enfin de retour au foyer auprès de sa femme fidèle, est liée à un autre signe de reconnaissance qui fait exploser la métaphore et décrit l'« enracinement » comme un propre. (La Nostalgie: Quand donc est-on chez soi ?, Barbara Cassin)
« Tu dormais d'une respiration céleste qui ne s'interrompit point lorsque j'ouvris la porte de la chambre. Il faisait bon d'être enfin de retour au foyer » (Les Deux Mages de Venise, Philippe André)
Bercail (n.m.)
Ce mot est plus familier que les deux précédents. Son étymologie (dérivé de brebis, c'est à l'origine l'enclos où étaient gardés moutons et brebis) lui a conféré d'abord une connotation religieuse - ou du moins communautaire, comme l'anglais fold, mais il peut aussi simplement vouloir dire « chez soi ». Il s'emploie presque toujours avec un verbe de mouvement indiquant un retour (conduire, ramener, retourner,..)
« Il freina devant la grande porte, faisant gicler les gravillons. Il mit ses mains sur le volant, y appuya sa tête. Lâcha prise. Il était rentré au bercail. Son père et sa mère apparurent sur le seuil. » (Face au destin, Dominique Calamel)
« ... j'étais décidée à ne pas te courir après, à attendre que tu nous reviennes, tête basse, après t'être frottée à un quotidien moins douillet que le nôtre. Ta mère, elle, n'avait qu'une obsession après ton appel depuis la Côte d'Azur : te ramener au bercail. » (Au bout du chemin, Patricia Hespel)
Pénates (toujours employé au pluriel)
Les pénates, dans la mythologie latine, sont les dieux protecteurs du foyer, on peut l'employer pour parler d'un chez-soi mais c'est plutôt ironique et toujours familier.
« C'est un soir, juste après l'orage. Son amant vient de larenvoyer pour toujours à ses pénates. C'est là qu'elle va. On l'attend. » (Mère agitée, Nathalie Azoulai)
« Non qu'il me déplaise de voyager, j'ai fait des portraits de célébrités ou de gens connus qui m'ont amenée à aller en Europe, en Amérique latine, en Australie, mais au bout de deux semaines je n'ai qu'une envie, regagner mes pénates. » (Une Seconde chance, traduit d'après Mary Higgins Clark)