Il s'agit du sujet de la compatibilité des verbes pour fins de coordination (avec la conjonction et) quand ils partagent le même complément (par ellipse, distributivité), plus particulièrement des verbes transitifs indirects qui introduisent donc leur complément avec une préposition (à, de etc.) :
(1) Penser à [tr. ind. ; direct, sans à, serait concevoir etc.] et discuter de [tr. ind.] quelque chose.
(2) Penser à quelque chose et en discuter.
(3A) Au dedans et au dehors de la ville.
(3B) Aux environs ou dans la ville [peu correct]
(3C) Aux environs de ou dans la ville. [pas incorrect mais peu usité]
(4A) Une grammaire grecque et systématique. (X)
(4B) Une grammaire grecque systématique.
(5) J'enlace et je berce son âme. (Baudelaire)
(6) La dignité de l'homme consistoit dans son innocence à user et dominer sur les creatures. (Pascal)
(7) Le maître d’hôtel n'aurait pas osé et n'aurait même pas eu assez d'imagination pour prédire une guerre longue et indécise. (Proust)
(8) L'esprit qui l'anime fera triompher le pays aux côtés et sur le même rang que ses vaillants et chers alliés. (de Gaulle, 6 juin 1943)
(9) On le voyait au passage entrer ou sortir de son cabinet. (Pagnol)
(10) Entrer et sortir de.[ Exemples extraits des §§ 260-269, 1042, Le bon usage, Grevisse et Goose, ed. Duculot, 14e ]
Dans le premier exemple, penser à introduit un complément indirect dont on fait l'ellipse du régime (quelque chose) de la préposition (à) pour le présenter plus loin avec discuter, lui aussi transitif indirect. On aura assurément le réflexe de remanier avec un pronom (2). La cohérence des régimes quand deux verbes partagent un même complément devient une préoccupation surtout au 16e (LBU14). Les exemples (3-10) illustrent différents usages de la coordination, une certaine logique, différents choix, et certaines compositions possiblement plus figées etc.
- Dans la phrase (1), en termes d'analyse (grammaticale) qu'est-ce qui se trouve coordonné au juste (un verbe avec une préposition, qu'est-ce que c'est comme unité grammaticale) ? Ou ne peut-on analyser (1) autrement qu'en contexte d'une proposition avec un verbe conjugué (9) mais avec un truc moins figé que dans cet exemple ? En résumé à quelle catégorie de coordination appartient l'exemple (1) et l'exemple (1) tel quel est-il au final une phrase, une locution, voire une équation ; devrait-on y ajouter une virgule avant quelque chose ?
- Considère-t-on que même si on a le même type de transitivité des verbes dans la phrase (1), qu'il y a néanmoins incohérence du résultat quand on partage ainsi le complément en utilisant l'ellipse, ou considère-t-on que cette construction est acceptable ? Cette locution semble-t-elle plus ou moins acceptable que la coordination de verbes dont l'un est transitif direct par exemple (pour un sens recherché), comme possiblement la phrase (7 ; oser prédire/ne (même) pas avoir assez d'imagination pour prédire) alors qu'évidemment on n'a pas de préposition avec un des verbes pour le complément (direct) ? En résumé est-ce qu'on peut coordonner ces verbes et leur faire partager le même complément de cette manière (1), est-ce un choix comme un autre ?