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Je ne comprends pas spontanément un mélange d'argot et de verlan, mais j'y reconnais néanmoins le fait français.

J'ai utilisé cette expression pour signifier que j'en reconnais la génétique, la facture, de langue française, à défaut d'en comprendre le sens. Puis je me rends compte que je ne saurais définir le fait français ni dire si l'emploi que j'ai voulu en faire était adéquat. Le professeur Benoît Melançon discute de deux usages de l'expression :

Un usage géographique : le fait français n’est pas franco-hexagonal. On parle le plus souvent de fait français en Amérique ou de fait français au Canada, bref, là où la langue et la culture françaises sont minoritaires.

Un usage linguistique : les choses iraient mal. Voilà pourquoi le fait français, pourtant bien vivant, risque de reculer et voilà pourquoi il faut travailler à son rayonnement ou à son maintien.

[ L’Oreille tendue (blogue), De deux choses l’une ? (2012), Benoît Melançon ]

Des usages j'extrapole qu'on le définit comme la langue française là où la langue et la culture françaises sont minoritaires, ou deuxièmement comme l'état du français anthropomorphisé en patient (se porte bien, convalescent etc.)... est-ce exact, exhaustif ?


  • Quelle est la définition du fait français et en connaît-on l'origine ?
  • Sur quelle acception/sens du nom fait (TLFi, Larousse) l'expression s'appuie-t-elle ?
  • L'emploi en exemple est-il compatible avec le sens de l'expression, avec un autre sens du fait ; on y voit un nom ou un verbe (participe passé) et on y comprend quoi ?
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  • Le terme "franco-hexagonal" me fait bien rire. C'est une variante de "franco-français" ou ça veut dire autre chose ? Commented Jan 5, 2017 at 16:29
  • @TeleportingGoat Que veut dire "franco-français", ça fait comme archi ? J'imagine que ça donne la France dans sa dimension géographique, et de manière appuyée, métropolitaine, par métonymie ? La géométrie et la géographie ?
    – user3177
    Commented Jan 5, 2017 at 16:48
  • C'est quelque chose de très français (et exclusivement français), en général c'est un peu péjoratif. D'après le wiktionnaire, c'est soit quelque chose de "fait en France, par des français, pour des français", soit quelque chose de typiquement français ("franchouillard" donne bien le côté un peu péjoratif). Commented Jan 5, 2017 at 17:00
  • @TeleportingGoat Merci, je vois. Je suis davantage habitué à des usages pour parler des francophones au Canada, comme les Franco-Manitobains, par exemple. Je sais que la République est indivisible, d'où ma perplexité face à l'expression. Je ne connais pas bien l'auteur (je l'ai cité une fois ou deux je crois) mais il y a assurément une pointe d'humour dans ses textes...
    – user3177
    Commented Jan 5, 2017 at 17:19
  • Oui tout de suite, en opposition à Franco-manitobain, ça prend tout son sens ! Commented Jan 5, 2017 at 19:34

1 Answer 1

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La définition qu'il me semble utile de pointer en réponse est celle de "fait" au sens suivant :

"Situation telle qu'elle existe (sans référence juridique, sans fondement légal) [...] P. ext., cour. État de chose, situation." 1

En parlant des pays, des langues, ou des ethnicités, on peut ainsi parler du "fait américain", du "fait algérien", etc. pour se référer à la situation réelle de ces pays / langues / personnes, distincte des institutions, principes, règlements et autres idées abstraites qui leur sont associés.

Le "fait français" correspond à cette construction. Je dirais qu'il s'agit d'un usage recherché, académique, compatible avec l'exemple sans risque d'ambiguïté avec une autre acception de "fait", mais dépendant peut-être du contexte.

Voici quelques autres exemples d'usage :

En mars 1962, dans une note intitulée « Le fait algérien au Maroc », Roger Seydoux estime que « si les relations sont en surface étroites et cordiales, en profondeur des failles sont apparues ou se sont élargies.» 2

Il s'agit de la réalité de la situation entre algériens et marocains.

L'introduction de l'enseignement du fait religieux dans l'école publique française a été précédée d'un long débat public durant vingt ans. 3

L'enseignement du fait religieux regarde la religion sous l'angle de l'histoire, de la littérature, des sciences sociales - contrairement à un "enseignement de la religion" qui serait peut-être plus proche d'un catéchisme.

Parce qu'il s'agit de comprendre le fait russe et non de le rêver, Besançon mobilise l'histoire religieuse et politique, la littérature et le monde des idées. 4

L'auteur se réfère là à la réalité de la Russie, distincte des fantasmes que chacun peut y projeter.

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  • Merci ! C'est parce qu'aucune préposition ne suit fait qu'on rejette une interprétation comme participe passé, comme ds. fait sur-mesure ou fait en France ? Avez-vous un exemple d'usage avec un autre adjectif que français et provenant d'une publication établie ailleurs qu'en Amérique du nord, je dois admettre ne jamais l'avoir vu hors du contexte socio-politique canadien ou nord-américain ou autrement qu'avec français dans ce sens-là.
    – user3177
    Commented Jan 7, 2017 at 5:23
  • Désolé, je ne saurais pas expliquer pourquoi il n'y a pas à mon avis d'ambiguïté avec d'autres sens de "fait". En tout cas, il ne s'agit pas du tout d'un sens limité à l'adjectif "français" ou à un usage nord-américain. Voici des exemples :
    – qoba
    Commented Jan 7, 2017 at 15:07
  • 1
    Exemples ajoutés au corps de la réponse
    – qoba
    Commented Jan 7, 2017 at 15:19

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