[...]
Oui. Car la sombre pierre oscillante des fées
Le salue ; il vit calme et formidable, ayant
Avec la ronce et l'ombre et l'éclair flamboyant
Et la trombe et l'hiver de farouches concordes.
Armé d'un arc, vêtu de peaux, chaussé de cordes,
Au-dessus des lieux bas et pestilentiels,
Il court dans la nuée et dans les arc-en-ciels.[ Victor Hugo, Masferrer ds. La Légende des siècles, Tome 4, p.648, extrait présenté au TLFi. ]
C'est nous dit-on l'emploi par analogie, rare et littéraire de la concorde, ce « [r]apport moral, situation qui existe entre des personnes ayant même disposition de cœur, d'esprit, et vivant en harmonie, éventuellement en collaborant à une œuvre commune » (TLFi) ; peut-être un terme d'un registre plus soutenu (Larousse). C'est du 12e, du latin concordia (TLFi ; et il y a une histoire de déesse avec ça, des lieux (2) etc.)) ; de concors (cum cor), uni de coeur. De manière contemporaine on a la place de la Concorde en France :
Non, cette place [place de la Concorde] ne porte pas un nom usurpé : il existe une concorde entre les Français. Les arbres des Tuileries, eux, le savent, et les balustres, et ces anciens parapets d'où, si souvent, se pencha notre jeunesse, aux retours de l'aube, sur la Seine déserte. À leur insu, tous les cœurs s'accordent ici; [...]
[ François Mauriac, Journal du temps de l'occupation (ds. Oeuvres complètes (2)), p. 330, extrait présenté au TLFi ]
On introduit la citation de Mauriac à partir d'une citation de Paul Morand (1888-1976) :
La concorde, ce beau mot tout neuf sous Louis XVI, (...) un mot girondin froid et blanc, apaisant, majestueux, un peu exsangue, un peu cadavérique mais qui avait de la beauté ; [...]
[ Paul Morand, Parfaite de Saligny, 1947, p. 200, extrait présenté au TLFi ]
Je ne connais vraiment ni l'auteur, ni l'oeuvre (que j'ai vu qualifiée de parabole contre-révolutionnaire : n'aide point à ma compréhension), et la référence à la nouveauté du mot sous Louis XVI alors qu'il est du 12e m'échappe complètement, tout comme celle au « mot girondin » et à ces caractéristiques...
- De quoi parle-t-il (Morand) avec ces adjectifs et la géographie et est-ce de portée générale ; qu'est-ce qu'on apprend sur l'emploi du mot, sur son origine, et sur la perception qu'on s'en fait ?
- Les emplois de concorde dans les citations de Victor Hugo et François Mauriac participent-ils des propriétés que Morand attribue à ce mot et si oui comment ?