On trouve en effet « fatigue due au décalage horaire » dans les dictionnaires anglais-français comme traduction de jetlag. Ça exprime bien la notion à un francophone qui rencontrerait ce terme dans un contexte anglais, mais lui fournit bien peu d’outils pour exprimer le concept simplement dans sa langue, ce qui causera naturellement des lourdeurs lorsqu’on voudra intégrer cette notion dans un discours français.
Que faire alors ? Plusieurs avenues sont possibles.
L’emprunt direct en est une, qui semble commune en France (selon un commentaire sous la question) et dans une certaine mesure existante au Québec¹, selon mes propres observations. J’avais évoqué la possibilité que le nom emprunté inspire le verbe
...mais ce serait déjà un fait accompli selon le commentaire de Teleporting Goat ci-dessous.
Par ailleurs, le polymorphe utilisateur aujourd'hui nommé de la Dauversière (et demain qui sait), du Québec aussi, dit utiliser les expressions...
- Être sur le jetlag
- Être sur le décalage horaire
...construites sur le modèle « Être sur le lendemain de veille » (avoir la gueule de bois), en spécifiant que la tournure pourrait être familière. Ça semble indiquer que l’emprunt peut très bien coexister avec une tentative de francisation de l’expression.
Faute d’emprunter, les circonlocutions
- fatigue due au décalage horaire
- ne pas être complètement remis du décalage horaire
sont en effet très verbeuses et l’individu moyen n’aime pas utiliser ou devoir entendre à répétition de telles expressions que l’on saisi bientôt immédiatement, mais dont l’énonciation s’étire et s’étire et s’étire, sans apporter quoi que ce soit de neuf à partir du moment où elle est comprise. J’ai observé autour de moi, de la part de voyageurs ou de travailleurs de nuit, ou de moi-même lorsque je voyage, une tendance à y aller de quelque chose qui s’intègre bien au discours, qui n’utilise pas de vocabulaire inhabituel (souffrir au Québec est assez rare, par exemple, mais ça peut n’être que local), mais dont la forme est variable, faute d’un terme ou d’une expression déjà bien ancré dans notre langue :
- J’ai l’horaire (tout) décalé / [parfois aussi tout simplement, quand le contexte est clair] Je suis décalé / Je souffre du décalage
- Je me remets à l’heure d’ici / Je rajuste mon horaire (à l’heure d’ici)
- Je dois changer le jour pour la nuit
- [une version plus populaire du précédent] J’essaie de revirer le jour pour la nuit → comprendre qu’on tente d’inverser leurs positions respectives
Pour le nom jetlag en particulier, lorsque tout le contexte indique que c’est de ce dont on parle, on mentionne tout simplement décalage, qui possède bien entendu de nombreuses autres acceptions, mais qui n’interfèrent généralement pas dans une conversation sur le sujet (je sais bien que cette solution ne plaira pas à tout le monde, et qu’un terme plus pointu, plus exact et plus unique serait sans doute nécessaire pour le cas par exemple d’une étude sur le sujet, mais cette méthode a néanmoins fait ses preuves, ne fut-ce que localement).
¹ L’emprunt direct en général est assez controversé au Québec, et l’on trouvera immanquablement des gens pour s’en insulter haut, fort et durablement. Quoique ça n’empêche guère le phénomène de ressurgir régulièrement, on pourra remarquer que la création d’alternatives françaises à de nouveaux emprunts est une sorte de course contre la montre à laquelle la société québécoise aime prendre part : il s’agit de combattre l’emprunt avant qu’il ne s’établisse trop confortablement. Le succès de ces entreprises est partagé : certains mots ont un grand succès (courriel), d’autres semblent destinés d’emblée à échouer (égoportrait pour selfie).