Dans un discours1 l'honorable Chrystia Freeland, ministre des Affaires étrangères du (gouvernement du) Canada, dit ce qui suit en langue anglaise et on a aussi la traduction en français aux Débats :
The fact that our friend and ally has come to question the very worth of its mantle of global leadership puts into sharper focus the need for the rest of us to set our own clear and sovereign course. For Canada, that course must be the renewal, indeed the strengthening, of the post-war multilateral order.
Le fait que notre ami et allié met en doute la valeur de son leadership mondial fait ressortir plus nettement le besoin pour le reste d’entre nous d’établir clairement notre propre orientation souverainiste. Pour le Canada, cette stratégie doit consister à renouveler, en fait à renforcer, l’ordre multilatéral de l’après-guerre.
[ Hansard, Parlement du Canada, 6 juin 2017, 1045 et ss. (En., Fr.), je souligne. ]
On remarque que dans la version originale en anglais, on a deux adjectifs (clear and soverereign) qui s'appliquent au nom course ; en français on a choisi de faire du premier adjectif un adverbe modifiant le verbe établir et d'employer le second avec l'idée d'orientation. Sauf que ce n'est pas l'adjectif souverain(e), qui qualifie ce qui possède la souveraineté politique, qu'on emploie ici mais plutôt l'adjectif (et nom) souverainiste, avec le suffixe en -iste amenant l'idée de ce qui « adhère à une doctrine, une croyance, un système, un mode de vie, de pensée ou d'action, ou exprime l'appartenance à ceux-ci » (TLFi), tel le partisan « de l'accession de la province [Québec] au statut d'État souverain » ou « d'une Europe constituée de nations souveraines » (Larousse). Et donc pour moi ce serait généralement associé à l'orientation du partisan, du/de la souverainiste, et il m'est fort difficile de faire abstraction du contexte québécois alors j'y vois une analogie...
- L'orientation souverainiste, est-ce objectivement l'équivalent du sovereign course ou plus généralement y a-t-il adéquation entre « to set our own clear and sovereign course » et sa traduction en français soit « d’établir clairement notre propre orientation souverainiste » ; pourquoi l'adverbe et l'adjectif dérivé avec suffixe au lieu des deux adjectifs ; les mêmes apports de sens sont-ils réalisés par des fonctions et des référents différents ?
- L'orientation souverainiste, est-ce du vocabulaire de sciences politiques ; quel serait l'antonyme d'une orientation souverainiste (du gouvernement) d'un état souverain ; une orientation souverainiste participe-t-elle du souverainisme ou du nationalisme ; est-ce qu'à l'extérieur du Canada on en comprend l'idée d'une sortie d'un ensemble politique (invisible ?) ou de l'affirmation d'une (ou d'un groupe de) nation(s) à l'intérieur d'icelui, voire les deux ; a-t-elle une caractère ou une connotation particulière, comme la contrariété, ou serait-ce plutôt compris comme une allégorie du multilatéralisme dont on trouve la référence dans la phrase qui suit ?
1 Perception aux É.-U. du discours en langue anglaise : sur CNN, New York Times, Washington Post et WP+Bloomberg.