Lorsque j’étais à la petite école, toujours mes enseignants nous disaient « un espace » pour quelque type de distance à insérer entre des mots, des chiffres, des blocs de textes ou de calculs, des sections de raisonnement, etc.
Plus vieux, j’ai appris qu’en typographie, le terme était féminin, ce que m’ont confirmé de nombreuses ressources linguistiques et encyclopédiques. Le Trésor de la langue française nous affirme cependant qu’une espace typographique est à la base une petite lame de métal insérée entre les caractères, et éventuellement, par métonymie, le blanc résultant de l’usage de cette lame.
Si la typographie est un art de la composition et de la mise en page initialement très lié à la technologie de l’imprimerie, l’informatique l’a désormais repris à son compte, modifiant considérablement nombre de ses méthodes, mais empruntant néanmoins beaucoup à sa terminologie (espace fine, par exemple) et y dérivant certains termes nouveaux (notamment l’espace insécable, féminine).
Quand je publie en ligne, par exemple cette question que je compose ici, je suppose que les espaces qui apparaîtront entre les mots sont des produits d’une mise en page de mon choix, avec les contraintes imposées par Stack Exchange, et que donc nous pourrions dire qu’elles sont féminines. Est-ce un raisonnement valide ?
Qu’en est-il alors de l’écriture manuscrite ? Celle à laquelles mes enseignants faisaient allusion lorsqu’ils nous disaient de laisser un espace entre les mots. Doit-on comprendre que l’espace (masculin) que je plaçais alors pour séparer mes mots, serait devenu féminin lors d’une impression typographique ?
Et puisque aujourd’hui beaucoup d’écoles font écrire un premier jet à la main, mais requièrent aussi un produit final informatisé, doit-on penser que tous les espaces de la feuille manuscrite sont devenus toutes les espaces de la feuille imprimée ?
Quand donc s’effectue le changement de genre ?