Dans les années 90/2000, j'ai personnellement noté en France un nouvel usage populaire de l'adverbe "trop" avec les caractéristiques suivantes :
Perte de la notion d'excès, qui différencie normalement trop de très
Ce mec il est trop beau (avec le sens de très beau, pas comme dans trop beau pour elle où on retrouve la notion d'excès)
Tendance parfois à placer loin en avant de l'adjectif (en début de phrase, ou avant un article)
Trop elle est bonne cette meuf (alors que la construction grammaticale normale serait "elle est trop bonne")
Usage sans adjectif, pour qualifier une phrase, avec un sens similaire à vraiment
Trop il m'a vénèr (= vraiment, il m'a énervé)
C'est trop un connard ce type (= vraiment)
J'ai trop plein de thune (= j'ai vraiment beaucoup d'argent)
Usage qualifiant pas
J'ai trop pas envie (= je n'ai vraiment pas envie)
À ne pas confondre avec la tournure suivant qui est plus ancienne
J'ai pas trop envie (= je n'ai que moyennement envie)
Usage seul, pour répondre par l'affirmative
— Tu kiffes ?
— Trop ! (ou, pour la négative, trop pas !)
Usage parfois associé à mais et/ou des pauses et/ou une prosodie plus élevée, le tout pour une emphase additionnelle
C'est mais - trop - bon ce truc (les tirets représentant des pauses, le trop étant prononcé sur une tonalité relativement aiguë).
Questions :
Quelqu'un d'autre peut-il attester cet usage et qu'il s'agit d'un glissement par rapport aux usages plus anciens de trop ? Sur le Tlfi, l'usage qui s'en rapproche peut-être le plus est "être trop" (les gens trouvent que je suis trop), mais ce n'est pas pareil.
Quelle est la date approximative de ce glissement ?
Quelle est son origine ? Influence d'une langue étrangère, par exemple un calque ? Évolution interne au français, par exemple une "inflation emphatique" poussant à l'usage de mots de plus en plus extrêmes pour porter l'emphase ?