Je lis que la Chine veut qu'un « taïkonaute » (néologisme du chinois 太空人 (tàikōngrén) ; Larousse en ligne, Wiktionnaire, GDT, en note sur FranceTerme), un astronaute, soit de nationalité chinoise, soit dans une fusée chinoise, soit dans le cadre du programme spatial chinois, marche sur la Lune dans les années 2030. La concurrence des termes (dans les médias et non pas chez les professionnels de l'astronautique, en terminologie) découle d'une effet d'entraînement relié à la guerre froide (Wikipédia). Ceci appelle une réflexion :
Comment appellera-t-on en français un astronaute suédois ? Ou un cosmonaute rwandais ? Nul ne sait. [...] Certains ont propagé l'idée qu'il faudrait employer des termes différents selon la nationalité de l'homme de l'espace : astronaute pour un citoyen des États-Unis, cosmonaute pour un Russe, spationaute pour un Européen et taïkonaute pour un Chinois. Ce serait le seul exemple dans toute la langue française d'un nom de métier adapté à la nationalité du professionnel ! Un danseur, un cuisinier ou un architecte ne changent pas de nom selon leur pays d'origine. Pas davantage dans le sport - haut lieu du chauvinisme, pourtant. En français journalistique, un patineur et un nageur restent un patineur et un nageur quelle que soit leur nationalité.
[...] Les professionnels francophones de l'information et leur public sont donc invités à renoncer à cette idée reçue absurde selon laquelle il faudrait employer des mots différents pour qualifier les cosmonautes ou astronautes des différents pays du monde. Cette lubie est d'autant plus sidérante que la navigation spatiale ne connaît ni frontières ni contours territoriaux d'aucune sorte.
[ Frédéric Allinne, Convergence numérique et communication linguistique, éd. CELSA, 2008, p. 82 sur Wikipédia ]
Non, plus dans le contexte actuel où à mon avis le marché des idées (marketplace of ideas) est désintégré, quoique l'argument de cohérence reste valable et intéressant. Par ailleurs, être astronaute n'est pas un métier1. Voler dans l'espace est un privilège rare et seulement 500 personnes ont eu droit à cet honneur en plus de 50 ans d'histoire en astronautique (Wikipédia). Quel métier sur la planète est-il réservé à uniquement 500 personnes ? Le Canada est un pionnier2 et un chef de file du monde des télécommunications, de l'astronautique (Canadarm, Canadarm-2, SPAR Aeorospatiale, RADARSAT, jalons) et de l'aéronautique (Arrow, Bombardier), entre autres, dont le génie a parfois été temporisé (voire saboté et cannibalisé) par ses alliances historiques...
L'on doit au Belge J.H. Rosny aîné la recréation du terme astronautique (DHLF) et l'invention du terme astronaute en français (1928). Le terme convient parfaitement en terminologie et on en est reconnaissant. Mais on recherche un mot qui laisse sa marque dans les médias (évidemment on peut avoir l'épithète canadien ou le complément du nom de l'Agence spatiale canadienne en apport à astronaute) et qui soit inspirant et évocateur de la contribution « stellaire », exceptionnelle, du Canada (et des Québécois) à l'exploration de l'espace. On connaît les préfixes canado- et québéco- qui donneraient canadonaute, québéconaute, mais on note qu'avec taïkonaute (Chine) et vyomanaute (Inde) on s'appuie sur une forme de « translittération » de mots propres aux langues en question. Le français parlé au Canada dispose peut-être des particularités lui permettant de contribuer un préfixe à associer au suffixe -naute.
- Est-on capable d'identifier dans la langue un terme (ou par association : Canada, Québec) servant à former un tel préfixe, ou de proposer un néologisme que l'on jugerait satisfaisant pour ces fins (médias, grand public) et d'expliquer pourquoi il le serait ?
1 Par exemple, David Saint-Jacques est médecin, astrophysicien et ingénieur physique ; Chris Hadfield est un pilote d'avions de chasse ayant le grade de Colonel ; Julie Payette est une ingénieure électrique et informatique ; Marc Garneau est un ingénieur électrique et était instructeur et capitaine de frégate de la marine canadienne.
2 Le Canada est le premier pays après les États-Unis et la Russie à avoir conçu et fabriqué un satellite artificiel (Alouette, aussi ici). Il est entre autres choses le premier à avoir déployé un satellite utilisant la bande Ku (Hermes) ; le premier à avoir mis en orbite un satellite géostationnaire non militaire à usage domestique de portée nationale (Anik, deux ans avant les Américains) ; et un membre fondateur d'Intelsat/ITSO incorporant le désir exprimé dans la Résolution 1721 (XVI) des Nations-Unies sur la Coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l'espace extra-atmosphérique.