Davantage un commentaire sur la troisième question qu'une réponse (je n'ai ni l'expérience ni l'expertise pour répondre au deux premières et à l'écrit un ngram est « contaminé » par le mot frette pour le « cercle métallique ») :
Est-il possible de donner les raisons, probables ou possibles, qui ont
conduit à cette gradation (tiède-frais-froid-frète) plutôt qu’à
l’autre possible (tiède-frais-frette-froid) ?)
« Le français populaire dit encore [frɛ] pour froid dans l'Ouest et [frɛt] au Canada » (LBU14§60R2) ; on le trouve aussi en francoprovençal. Le Wiktionnaire indique pour le nom en effet que « certaines personnes distinguent ce mot comme étant un froid plus intense que froid ». Il se trouve que ce mot (frette) soit l'ancienne prononciation [frɛt] du mot courant aujourd'hui (froid, [fʁwa]). Il se pourrait peut-être qu'en Europe certaines personnes disent un truc comme « il fait tellement/très/si [frɛ] » et qu'ils pensent dire le mot frais alors qu'en fait il s'agirait de l'ancienne prononciation ou prononciation populaire pour froid, indépendamment de l'idée de gradation frais/froid/fre(tte) ; je n'en sais rien. C'est même possible au Québec puisque le phénomène participe d'une ensemble de prononciations particulières pour les mots dont la finale est en -t (les t muets à la fin de certains mot sont prononcés.).
Je connais les adjectifs frais, froid et frette mais je n'écrirais jamais le dernier dans un texte qui ne rapporte pas l'oral ou autrement qu'en italiques ou entre guillemets et c'est significatif dans mon usage. Ça signifie que pour moi c'est simplement une prononciation provenant d'un registre ou d'un niveau de langage différent, davantage populaire ou familier, qui constitue chez moi (personnellement) une tendance vers le basilecte. Et pour une raison que je ne saurais expliquer ça amplifie la valeur ou l'intensité du froid parce que c'est plus expressif, plus pittoresque, et c'est ça qui créé l'amplification, pas la sémantique ou la lexicalisation comme telle. Ça me rappelle l'expression péter au frette (jamais au froid), pour se briser à cause du froid, mourir, faire un crise cardiaque, de nerfs etc. (Wiktionnaire), d'emploi populaire ; frette c'est comme un « mot-expression ». Plus généralement, je compare ça à la prononciation du substantif vrai qui normalement est [vʁɛ] est qui devient [vʁa] chez moi avec le même niveau de langue que frette pour marquer ; un [vʁa] est plus fort qu'un vrai (dans le sens de un vrai de vrai, un vrai homme, un vrai char etc.). J'ai toujours de la difficulté à qualifier ces phénomènes phonétiques-là (une forme de diphtongaison peut-être ?).
En ce qui a trait à l'exemple du Journal de Québec où l'on trouve froid et frette dans la même phrase avec cette gradation, j'assimile ça à une figure de style basée sur la répétition, qui peut ressembler à certains égards à la figure dérivative, à l'accumulation ou à une forme de polyptote, voire de périssologie selon qu'on se place sous l'angle graphique, morpho-syntactique ou sémantique. De prime abord il s'agit de synonymes, mais en les comparant directement ou indirectement dans le discours, on amplifie le deuxième terme ou on créé un degré plus grand du premier avec le deuxième. Quand le terme se trouve seul, l'intensité est créée davantage par l'emploi d'une formule avec maudit/un juron et par l'intonation qu'avec la sémantique particulière qu'aurait le mot (maudit/[juron] qu'il fait froid/frette !!).
- Les prononciations [frɛ], [frɛt] et [fʁwa] peuvent référer au même mot (froid) à l'oral.
- Le langage populaire est plus expressif et je perçois ce qui est plus expressif comme étant plus fort ou intense ; au Québec j'associe frette au langage populaire et ça peut donc expliquer pourquoi ça peut être perçu comme plus intensément froid que froid.
- La gradation de l'intensité qu'on remarque quand on a les deux termes dans une même phrase pourrait relever de l'effet d'une figure de style basée sur la répétition davantage que de la sémantique des mots.