Selon le dictionnaire Larousse, fun est un nom masculin invariable. Si l’on se fie à Larousse et au Petit Robert, il serait plus utilisé au Canada qu’ailleurs dans la Francophonie.
En tant qu’adjectif, il est décrit invariable par Le Petit Robert, avec un exemple, des vacances fun, dont la tournure ne serait jamais utilisée au Québec, du moins à ma connaissance. On y privilégierait plutôt des vacances le fun, tel que mentionné d’ailleurs en une autre question de ce site.
Il y a ici pour moi un point sensible. Je ne suis pas du tout convaincu que les utilisations de ce terme au Québec utilisent systématiquement la forme nominale. Le prétexte de l’introduction systématique du terme par un article (défini le plus souvent), qui pourrait clore la question, ne suffit pas à me convaincre. Je soutiendrais plutôt qu’il y a là un emploi adjectival qui maintient l’article défini.
Si je puis toujours admettre, à la rigueur, que « C’était le fun ! » est un emploi nominal (je ne le crois pas vraiment, je n’ai jamais perçu qu’il y eût là transmise l’idée d’une abstraction du fun dans l’absolu, comme il y en aurait pour fête dans « C’était la fête ! », mais disons malgré tout que je juge la chose recevable), si je puis l’admettre, donc, je ne puis malgré cela concevoir de justification valable pour affirmer que « des vacances le fun » utilise un nom. On ne dira jamais, par exemple, « des vacances la fête » ou « des vacances l’ennui », et on contrastera d’ailleurs ces fameuses vacances le fun avec des vacances ennuyantes, plates ou ratées d’autres années.
D’un autre côté, je puis penser à un style d’expression qui me semble plus présent aujourd’hui qu’auparavant en français, expression condensées qui s’introduisent elles aussi par un article défini :
- La honte !
- La poisse !
- L’angoisse !
- Le pied !
- etc.
Aucune de celles-ci ne semble avoir franchi le pas de l’emploi adjectival, mais elles semblent avoir parcouru au moins une partie du chemin.
- Si l’on admet que le fun puisse être, régionalement, utilisé en tant qu’adjectif dont la construction requiert l’article défini, peut-on mentionner d’autres exemples ? Si c’est un cas pour le moment unique, y voit-on une évolution de la langue qui puisse recevoir éventuellement d’autres cas ? Ou n’est-ce plutôt qu’une aberration, un élément condamné à demeurer seul ?
- Si au contraire on refuse de reconnaître la valeur adjectivale de le fun, comment décrit-on ses nombreuses utilisations dans le parler canadien-français ?