Quelles notions sémantiques sous-tendent « orner, douer » (les acceptions plus coutumières) avec #7 sur Wiktionnaire?
7. (Pronominal) (Droit) Intenter une action devant un juge, recourir à un tribunal, à une autorité ; faire appel.
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7. (Pronominal) (Droit) Intenter une action devant un juge, recourir à un tribunal, à une autorité ; faire appel.
Deux définitions du petit Robert :
— Sémantique : étude du langage considéré du point de vue du sens.
— Se pourvoir : Faire en sorte de posséder, (d’avoir une chose nécessaire).
Appliquées à la Justice :
Pour se procurer une décision de Justice, n’est-il pas nécessaire de faire en sorte d’obtenir (pour en être le "propriétaire") un jugement favorable ? On se prémunit contre l’adversité et on prévoit d’avoir gain de cause.
On se pourvoie à tous les étages de la hiérarchie procédurale, en première instance, en appel, en cassation, devant la Cour européenne … devant l’instance du tribunal qui juge son cas. — Le ‘glissement’ de la question n’est qu’un effet d’optique dû à la procédure, une facilité d’usage qui n’induit pas de sens différent.
Le sens usuel apparaît dans la musique des mots, celle induite par l’oreille : pour se pourvoir (on dépose soi-même une plainte pour-voir l’issue du procès), il faut pré-voir les arguments adverses, pour se pré-munir de leurs attaques.
Le sens premier, "faire en sorte de posséder" a été utilisé et adapté au langage judiciaire pour manifester toute volonté de saisir la Justice afin d’obtenir gain de cause … ce qui entraînera par la suite un paragraphe de plus dans les dictionnaires pour marquer l’évolution différente du mot au fil du temps.
Orner/douer n'est pas le sens le plus courant du verbe pourvoir : suppléer à ce qui manque (sens 1) l'est. C'est attesté en 1680 pour faire appel. Les trois types d'emploi de pourvoir sont selon le Dictionnaire historique de la langue française (DHLF), sup. A. Rey, Robert, 2011 :
1- voir à l'avance
2- procurer quelque chose à quelqu'un, et avec à, parer/subvenir à
3- pronominal avec de pour s'approvisionner .
Ensuite suivent les extensions de sens... « pourvoir quelqu'un », le mettre en possession d'un avantage, et « pourvoir quelque chose », munir etc. Puis en construction indirecte on a pourvoir à, un emploi vieilli du 14e, puis pourvoir aux besoins de quelqu'un (1668), usuel. (DHLF)
Puis on indique que « se pourvoir se spécialise en droit pour "recourir à une juridiction supérieure" (1680). » (DHLF). On passerait de l'idée de s'approvisionner à celle de recourir à, les deux impliquant de recourir à un tiers ? Je ne peux dire précisément pourquoi ce « glissement » s'effectue le cas échéant. Soit dit en passant au Canada l'emploi contemporain du substantif est réservé à un contexte particulier.