Il doit s'agir d'un anglicime et d'un néerlandisme.
Pierre Rézeau dans son Dictionnaire des régionalismes de France consacre à goûter l'entrée suivante :
Goûter, verbe intransitif.
Nord, Pas-de-Calais, Somme, Aisne, Oise, Moselle (est), Haut-Rhin.
Familier. (Le sujet désigne un aliment, une boisson) "être agréable au goût".
— Dans un tour impersonnel Ça goûte ?
Cet emploi est courant dans le français de quelques aires du nord et l'est de la France, ainsi qu'en Belgique et au Québec. Cette dispersion, jointe à l'exemple de Labiche du 19e siècle, qui ne semble pas marqué diatopiquement mais plutôt diastratiquement, invite à y voir un archaïsme du français populaire.
Dans l'est de la France toutefois, où il est attesté avant 1852, il est vraisemblable que cet emploi, dénoncé comme un calque de l'allemand schmecken depuis 1754 («Cela vous goûte-t-il? Cette soupe ne vous goûte pas» Eléazar de Mauvillon, Remarques sur les germanismes), est dû au substrat germanique.
Seul des dictionnaires généraux contemporains, le Nouveau Petit Robert l'enregistre avec la marque diatopique «régionalisme (Belgique et Canada)» comme verbe transitif direct et indirect.
Voici l'exemple mentionné par Rézeau tiré d'Un pied dans le crime (1866) de Labiche, dans un emploi légèrement différent cependant, au sens de "plaire" :
LUCETTE — Ça vous goûte de m'embrasser ?
GAUDIBAND — Oui, ça me goûte.
LUCETTE — Allez ! Si ça vous goûte.
Rézeau précise à propos du Québec :
Avec cette réserve qu'au Québec le verbe ne s'emploie pas absolument, mais en emploi transitif (ça goûte le brûlé, le sur…) ou intransitif avec adverbe (ça goûte bon/mauvais/meilleur que…); on notera par ailleurs que les premières attestations de ces emplois sont sous la plume de puristes qui les condamnent comme anglicismes (Buies (1888) et Rinfret (1896), tous les deux dans la documentation du Trésor de la langue française au Québec).