Au contraire, on peut construire le complément adverbial sans préposition avec rue, boulevard etc.1, 2 et c'est plutôt le tour avec la préposition qui pourra être qualifié de « tour primitif » (LBU 314 c 2°) :
Arrivé rue Neuve-Sainte-Geneviève. (Balzac)
Il alla dîner rue
Saint-Jacques. (Flaubert)
Courez rue du Ranelagh prévenir Madame
Constance. (Giraudoux)
Je me trouvais justement avenue Hoche.
(Modiano)
[...] de se montrer ou non cours de l'Intendance
avec un apprenti en casquette. (Poirot-Delpech)
Dans un immeuble qui
se construisait quai d'Orsay. (L. Weiss)
Vous viendrez villa Andréa
ensemble. (Fl. Delay)
[ Le bon usage, Grevisse et Goosse, éd. Duculot, 14e, § 314 c 2° (exemples tirés de) ]
On peut faire un certain rapprochement entre le complément d'objet et le complément adverbial et dans ce contexte, on trouve chez certains verbes une concurrence entre ces compléments : généralement (hormis rue, boulevard etc.) on peut employer le verbe habiter directement ou avec une préposition de lieu (J'habite Paris ou À Paris). (LBU14 § 297 b 6°)
Il y a des différences dans l'emploi des prépositions (à), dans et sur pour marquer le lieu selon qu'on réfère à l'idée d'un volume (dans) ou à celle de l'accès ou de la vue (sur), entre autres. Quand le mot rue etc. s'accompagne de la dénomination, il peut être précédé de dans/sur selon ces différences ou employé sans préposition ni article (Je l'ai croisé avenue d'Iéna). (LBU14 § 1049 b 1°)
« La préposition à se justifie quand le lieu est envisagé comme un
point : Il arriva À la rue de Grenelle. On la trouve parfois dans
d'autres cas, ce qui est généralement blâmé : Ils habitaient un bel
appartement, À la rue des Minimes (PAGNOL, Gloire de mon père, p.
69). — Elle est plus courante avec quai : Ça lui rappelait leurs
petites séances d'autrefois, AU quai Napoléon (FLAUB., Éduc., II,
6). — Elle transporta sa mélancolie [= elle déménagea] AU quai
d'Orléans (GREEN, Jeunesse, p. 232). — Elle est normale quand on
désigne par métonymie une institution ayant son siège dans cette rue :
[ Ribbentrop et son ambassadeur en France [...] sont reçus au Quai
d'Orsay [= ministère des Affaires étrangères à Paris] (SEGHERS, La
Résistance et ses poètes, p. 23). LBU14 § 99 b].
[ Le bon usage, Grevisse et Goosse, éd. Duculot, 14e, § 1049 b 1° ]
1 La question est distincte de celle de la tendance à supprimer du complément du nom des mots rue etc. la préposition même dans des cas où traditionnellement on a de, soit quand le nom de la rue etc. est celui d'une personne précédé d'un titre (place DU Roi Albert) ou quand le complément n'est pas un nom de personne (Avenue DE Versailles). (LBU14 354 a)
2 On notera par ailleurs que cet emploi n'apparaîtrait pas nécessaraiement dans toutes les variétés régionales. Voir «Rue X»: La grammémisation à l'œuvre dans la parole (1997), Jeanne-Marie Barbéris, à la note 5.