Vous parlez d’étymologie, alors commençons par l’histoire de quelques mots sémantiquement proches. Ce qui suit semblera sans doute bien sinueux, mais c’est que ma proposition me semble encore imparfaite. Je crois à vrai dire, qu’ elle a besoin du secours de quelques précisions pour sembler éventuellement convaincante.
La relation entre les expressions que vous présentez semble relever de la paronymie. Les expressions « laid him on the green » et « Lady Mondegreen » présentent une « certaine analogie phonétique, mais sans avoir le même sens » (TLF, art. « paronyme »).
Cette paronymie étant aussi essentiellement « vicieuse » (selon le mot du Robert historique de la langue française, art. « Barbare »), il s’agit plus précisément d’un barbarisme.
Petit excursus philologique. Le Robert historique précise façon intéressante que barbarismus vient du barbarismos d’Aristote. Or, la paronymie est étudiée par Aristote lorsqu’il traite de la question de l’Être dans les Catégories, précisément pour dire que l’on entend « Être » en divers sens. De là, Aristote entre dans la discussion du lien entre ces divers sens (sont-ils synonymes, homophones ou simplement paronymes ?)
Le problème, pour ce qui nous intéresse, est que le terme est employé dans un sens très spécifique (comme « intermédiaire entre homonymes et synonymes » comme le note Jules Tricot dans sa traduction des Catégories chez Vrin en 1936), qui n’est pas comparable au sens linguistique moderne (sur ce point, on pourra se référer à l’article d’Yvan Pelletier, « Les paronymes » – Cahiers de l’Institut de philosophie comparée, 1979, disponible en ligne).
Au sens moderne, le barbarisme consiste, pour ce qui nous intéresse, à « déform[er] grossièrement un mot ou une expression » (Girodet, Pièges et difficultés de la langue française, Bordas, 1986, art. « Barbarisme »). Le mot possède aussi un sens plus large, comme le remarque Adolphe Victor Thomas : « Dans le langage courant, on étend le sens de barbarisme à toute faute contre la langue. » (Dictionnaire des difficultés de la langue française, Larousse, 1971, art. « Barbarisme »). Cet ouvrage donne une liste assez longue de fautes de barbarismes, mais qui ne relèvent pas vraiment du sens qui nous occupe ici, il s’agit plutôt d’erreurs sur un terme ou sur la syntaxe d’une expression (donc plus précisément d’un solécisme).
Un exemple à mon sens convaincant de ce qui nous occupe ici a été donné par un intervenant supra : c’est celui « d’enduire en erreur » (pour « induire en erreur »). Il s’agit très clairement d’un barbarisme, et cette qualification est clairement liée à un problème phonologique (c’est donc bien par paronymie que le barbarisme advient).
Là commence le problème : trouver un terme ou une expression qui présente ce sens de « barbarisme par paronymie » comme un exemple typique, au point d’en devenir l’archétype, puis le definiendum (c.-à-d. que ce soit un « barbarisme par paronymie » qui évoque toutes les autres expressions du même type).
Une seule idée me vient, qui ne répond qu’imparfaitement à la question, mais dont l’étymologie fait écho à celles des expressions que vous citez.
Il s’agit du pataquès. Le Grand Robert historique précise qu’il est formé par « imitation comique de la faute de la liaison je ne sais pas-t-à qu’(qui) est-ce. » Par extension, il désigne en effet « un discours confus » (id.), mais lorsque l’on parle d’un pataquès, on réalise cette opération qui consiste à utiliser un « barbarisme par paronymie » comme archétype et par suite definiendum de tous les autres.
En ce sens, il me semble que ce mot pourrait être celui que vous cherchez.