En théorie :
- Je suis allé.
- Tu es inquiète.
À l'oral (au moins au Québec) :
- Ch't'allé. [ʃta.le]
- T'é (t)inquiète. [te.tẽ.kjɛt]
L'existence d'un contraste entre la langue orale et celle écrite est immémorial, et certains traits, particularités et irrégularités de la langue parlée sont certainement à peu près inexplicables.
La langue orale pose des défis particuliers: on doit composer son discours sur le vif, ce qui le charge très souvent d'erreurs (plus ou moins fréquentes selon le locuteur ou le temps de préparation), de constructions qui changent soudainement de direction pour diverses raisons, de termes inventés en un instant ou en un très court laps de temps pour des concepts qui émergent et requiert une désignation immédiate. Des jeux de mots ou de l'humour involontaire peuvent introduire des expressions qui vivront un temps dans un cercle plus ou moins étendu.
Parmi les processus à l'œuvre dans la dynamique éloignant la langue orale de la langue écrite, les fausses liaisons sont assez communes (cf. l'étymologie du terme pataquès), et certaines reçoivent parfois leur absolution (par exemple le -t- euphonique) plus tard dans l'histoire de la langue.
Je suis assez (ch't'assez) curieux de connaître l'origine de ce T entre la conjugaison du verbe être aux première et deuxième personnes du singulier et le mot suivant lorsqu'il commence par une voyelle. La connaît-on ? Fausse liaison ? T du verbe être, retiré de ces conjugaisons en particulier, mais remis en place par le génie populaire, voire maintenu d'une conjugaison ancienne ? Autre chose ?
Une autre question sur ce site, sur un sujet similaire, pour les curieux que ça pourrait intéresser : De « je suis » à « ch'u »