Oui, on entend de plus en plus l'indicatif au lieu du subjonctif après il faut que.
Il peut même arriver de le lire :
Il faut que tu viens avec moi.
C'est du français très relâché, stigmatisé et condamné aujourd'hui par la norme.
Voici une référence qui décrit cette évolution :
Une « tendance » à l’amenuisement du subjonctif est observée par de nombreux auteurs dans plusieurs variétés de français. L’alternance du subjonctif et de l’indicatif dans des subordonnées est en réalité une donnée du français attestée depuis le XVIe siècle, toujours accompagnée des injonctions normatives visant à stabiliser la distribution des usages (Fournier 1998 : 331–373). Le subjonctif en subordonnée exclut l’assertion du locuteur ; il focalise l’attention sur le procès exprimé sans qu’il soit tenu compte de sa réalité. La pertinence de cette valeur modale, cependant, ne va pas toujours de soi puisque le subjonctif en tant que forme marquée n’existe pas pour de nombreux verbes. Par ailleurs, dans les usages, des études ont montré (surtout pour le français acadien (Chauveau (1998), Neumann-Holzschuh (2004), parmi d’autres), selon les contextes, soit une fluctuation imprévisible entre subjonctif et indicatif (après falloir, vouloir, pour que, avant que …), soit une absence du subjonctif (après jusqu’à ce que, il arrive que …). Chauveau (1998) rapproche ces faits de la tendance identique attestée de longue date en Bretagne, tendance correspondant elle-même au fonctionnement du breton où l’indicatif présent et futur et le conditionnel (utilisé aussi pour les constructions hypothétiques) sont employés là où le français (standard) recourt au subjonctif. Neumann-Holzschuh (2004), dans son étude formelle et fonctionnelle du subjonctif en français acadien, et plus généralement en français d’Amérique du Nord, montre aussi un étiolement du subjonctif, et fait remonter le processus aux XVIe et XVIIe siècles, donc aux débuts du français sur le continent. Elle met en évidence une apparition concurrente des formes de l’indicatif présent, futur et imparfait, du conditionnel et du subjonctif présent, avec la perte de la valeur modale spécifique du subjonctif, surtout en Louisiane et à Terre-Neuve et, dans une moindre mesure, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Ecosse. En France, au Québec et en Afrique, les alternances du subjonctif et de l’indicatif et la diminution du subjonctif sont attestées aussi. Des données récentes de français parlé en entretiens et conversations comportent quelques absences de subjonctif après à moins que, falloir que, avoir peur que, jusqu’à ce que, malgré que …, mais ces faits restent marginaux.
Béatrice Akissi Boutin & Nathalie Rossi-Gensane, Quelle(s) diversité(s) pour la syntaxe ?, 2013
Une autre référence, qui montre que cette absence de subjonctif peut être un régionalisme (Bretagne) :
Comme en breton, le mode subjonctif peut être remplacé par un temps au mode indicatif. Cependant, le breton utilise un temps morphologique futur ou conditionnel, mais pas présent comme ci-dessous.
Je préfère que tu vas et que tu me donnes.
'Je préfère que tu y ailles (au distributeur) et que tu me donnes (l'argent)', Lorient [01/2017]
Source: CNRS, Français de Basse-Bretagne