(TLFi)
I. − Empl. conjonctionnels
A. − Conj. de sub.
5. [Introd. une complét. en fonction d'appos.]
[…]
c) [Apposée à un groupe nom. qui fait office de thème, la complt., réduite à un groupe nom., joue le rôle de prédicat]
♦ Quelle belle fleur que la rose!
Mme de Sévigné écrivait au 17e siècle et son français est diffile à lire en raison des nombreuses tournures désuètes qu'il contient mais son usage de « que » est toujours moderne.
Cet usage n'est pas limité au présentatif, comme le montre l'exemple du TLFi, et on le trouve aussi en association à des tournures exclamatives. Ce qui suit « que » n'est pas un attribut (on ne connait en grammaire que l'attribut du sujet ou du cod), mais une complétive en fonction d'apposition (« souvenirs » apposé à « maux » (qui fait office de thème)).
(réf. 1, 1828) Et puis ce paysage, n'est-ce pas que c'est un beau pays que le nôtre ?
(réf. 2, 2015) Ah ! c'est un bon pays que le nôtre ! Le doura n'y manque pas ! »
(réf. 3, 1829) Oh ! le beau pays que le nôtre , avec la charte de moins et les ouvrages de M. Marolles
(réf. 4, 1993) Quel jour heureux que celui-ci ! Venez, il y a de ce côté une auberge tranquille où vous pourrez vous reposer ;
(réf. 5, 2015) La soirée terminée, elle rentrait chez moi à 2, 3 ou 4 heures du matin avec sa propre clé – quel jour heureux que celui où je lui avais fait fabriquer ce double ! –, grimpait dans mon lit sans un mot, le corps chaud, des traînées de ...
- C'est un de mes maux que les souvenirs que me donnent les lieux.
On pourrait trouver cette phrase lourde mais elle n'est pas autre chose que compliquée ; après simplification on a ceci : « C'est mon mal que les souvenirs. ».
Il se trouve que ce mal n'est pas le seul dans l'esprit de la personne qui écrit, ce qui la force à écrire plutôt « un des mes maux », et il se trouve que les souvenirs ne sont pas tous les souvenirs mais seulement « les souvenirs donnés par les lieux » ; ajouté à cela, pour introduire cette dernière précision on utilise encore la forme « que », en tant que pronom relatif cette fois, et ce faisant on force le lecteur à analyser une autre occurence et fonction de cette forme, le problème dans cette analyse étant que le premier « que » ne peut pas être analysé avant d'avoir lu jusqu'à « lieux », où on sait alors que le second « que » est un relatif et que « les souvenirs … lieux » est un groupe nominal ; si par manque d'habitude, c'est à dire par manque de lecture, le lecteur n'est pas rompu à la gymnastique de la détermination des rapports grammaticaux, il est alors enclin à interpréter la difficulté comme de la lourdeur, mais il n'en est rien.
Remplacer cette phrase de Madame de Sévigné par une autre, dans laquelle le présentatif est supprimé, (comme j'ai pu en trouver l'idée dans une autre réponse (Les souvenirs que me donnent les lieux sont un de mes maux.)), supprime en même temps l'effet d'accentuation que cette tournure est sensé apporter à l'énonciation, et déforme la pensée de l'auteur.
(wikipédia, présentatif) En linguistique, on appelle « présentatif » un mot ou une structure syntaxique employé pour introduire ou poser l'existence d'un élément nouveau dans le discours. Typiquement, l’entité ainsi introduite sera élevée au statut de topique dans le discours qui suit.
(AlloPro) Le présentatif est un mot ou une locution qui sert à introduire un élément nouveau sur lequel on souhaite mettre l'accent dans le discours.