Via Mala, John Knitte
— Tu viens pour longtemps sœur?
Elle regardait distraitement quelques hommes et quelques femmes en noir qui montaient la route du village. Le bulbe doré du clocher du village luisait au soleil.
— Je ne sais pas, Niclaus, dit-elle. Attendons qu'on soit entré dans l'église. Je n'ai pas envie de rencontrer des gens en chemin.
La question porte sur la règle de la transformation de l'article indéfini avant un cod d'une forme verbale négative.
(Kalmbach, Forme de devant CVD )
Quand l’article indéfini (toutes les formes, c’est-à-dire singulier, pluriel et massif) détermine un groupe nominal qui est complément de verbe direct (CVD) d’un verbe à la forme négative, il prend généralement la forme de :
• J’ai une voiture. vs Je n’ai pas encore de voiture.
• J’ai remarqué des fautes. vs Je n’ai pas remarqué de fautes.
• Nous n’avons pas appris de mots nouveaux.
• Aujourd’hui, je n’ai pas eu besoin de prendre de médicaments.
• Ne fais pas de bruit.Exceptions
Cependant, cette règle de la transformation de l’article dans une phrase négative ne s’applique pas systématiquement. L’article indéfini peut conserver sa forme normale dans les cas suivants.
Négation partielle
L’article indéfini devant CVD d’une phrase négative devient de quand la négation est totale. Exemple : le locuteur devait acheter des pommes et ne l’a pas fait, il dit :
• Je n’ai pas acheté de pommes.
Donc il est revenu sans les pommes prévues, le complément du verbe est « nié » complètement (complément = « zéro, rien »). De même, dans la phrase suivante, on dit que la police n’a rien trouvé qui puisse servir à accuser le suspect (complément = « zéro, rien ») :
• La police n’a pas pu trouver de preuves contre le suspect.
Mais la négation peut aussi être partielle : le verbe peut avoir un complément, mais ce complément est différent de celui prévu ou supposé. Dans ce cas, l’article reste généralement à la forme normale des/du/de la/de. Dans la phrase suivante, la personne a bien acheté quelque chose, mais ce ne sont pas des pommes. Ce qui est nié est la nature du complément, et non pas le complément tout entier :
• Je n’ai pas acheté des pommes, j’ai acheté des cerises.
Le personnage à qui est imputée la phrase est sensé avoir une bonne instruction. Il n'est pas non plus question d'une opposition, par exemple, comme après une question telle que « Tu as peur qu'on rencontre des bandits ? ». Apparemment, il n'existe pas pour cette règle de principe de la langue parlé, comme dans le cas du changement de forme avant un adjectif, qui veut qu'en parlant il soit acceptable de dire, par exemple, « Il y avait des petits bouleaux le long du ruisseau. » au lieu de « … de petits… ».
La question est de savoir si la règle ci-dessus remonte à une date ultérieure à la période où le livre a été écrit, ou s'il existe aussi un usage de langue parlée qui n'est pas mentionné dans les grammaires, ou s'il s'agit tout simplement d'une erreur du traducteur ?