D'abord évidemment il y a la régle générale de l'accord du verbe en nombre et avec la personne se rattachant à l'antécédent.
Même là, parfois l'accord se fera selon le sens voulu : « J'aime mieux que ce soit vous que moi qui VOUS LANCIEZ dans les orages et les tempêtes de la Chambre (BALZAC, Député d'Arcis, Pl., p. 653) ». Sauf que le « pronom personnel nominalisé est de la 3e personne : C'était toujours [...] le pauvre moi qui RÉPONDAIT de tout (DE GAULLE, Mém. de guerre, 1.1, p. 280) » (LBU14§931R1).
Ensuite, l'histoire :
On a pu autrefois mettre le verbe à la 3e personne alors que
l'antécédent de qui est un pronom de la 1e ou de la
2e : C'est moy qui lui DIRA (SCARRON, Héritier
ridicule, I, 1 ). — Ce ne seroit pas moy qui SE FEROIT prier
(Mol., Sgan., II). [...] Dans qui est signifiant « c'est-à-dire », le verbe ne
s'accordait pas avec l'antécédent, peut-être parce que l'on considérait qui comme neutre [...] — Me de St Pars luy avoit envoyé [...] trois personnes à héberger, qui EST un organiste, sa femme et une autre (MAINTENON, Lettres, t. III, p. 284)(LBU14§931H1).
Puis pour reproduire le parler populaire qui met « assez souvent » la 3e personne du verbe pour un antécédent de 1e ou 2e : C'est moi qui le PAIERA (R. BENJAMIN, Gaspard, VI).
Ou dans un tour avec « ne ... que + pronom personnel + qui, on trouve parfois l'accord avec un mot comme personne sous-entendu [...] Il n'y a que moi qui EST parfait (PÉGUY,
Myst. des saints Innoc., p. 9 ». On notera que :
Cet accord n'était pas rare chez les classiques :+Il n'y aura que vous qui SOIT noble (MALHERBE, t. Il, p. 420). — Je n'ay trouvé que vous qui FUST digne de moy (CORN., Psyché, IV, 3). — £t ne verrons que nous qui SÇACHE bien écrire (MOL., F.
sav., III, 2). — Il ne voit dans son sort que moy qui S'INTÉRESSE
(RAC., Brit., Il, 3) [...] (LBU14§931H2).
Par ailleurs, « quand l'antécédent est un mot mis en apostrophe [...],
le verbe est à la 2e personne (du singulier ou du pluriel, selon
que l'on tutoie ou vouvoie l'interlocuteur ; du pluriel quand on
s'adresse à plusieurs) : Ah ! insensé, qui CROIS que je ne suis pas toi ! (HUGO, Contempl, Préf.)[...] ». (LBU14§931b)
Mais encore, « lorsque qui a pour antécédent un attribut dont le verbe est à
la lre ou à la 2e personne, l'usage hésite entre l'accord avec l'attribut (3e pers.) et l'accord avec le pronom de la lre ou de la 2e personne. [...] Si le verbe principal est négatif ou interrogatif, l'accord se fait avec
l'attribut : Vous n'êtes pas un homme qui AIME la flatterie. Êtes-vous un homme qui SAIT
réfléchir ? Êtes-vous Dupont qui m'A écrit hier ? — Êtes-vous celui qui A commis le
crime ? (HUGO, Lucr. Borgia, II, I, 3.) [...] Quand le verbe principal n'est ni négatif ni interrogatif, l'accord se fait le plus souvent avec l'attribut, si celui-ci est un pronom démonstratif ou un nom précédé de l'article défini (sauf avec un numéral cardinal) ou du démonstratif : Je suis celui qui TIENT le globe [dit l'empereur] (HUGO, Lég., XIX, 2) (LBU14§931c)
Sans compter que « si ce qui précède le relatif est un syntagme complexe, on doit
déterminer où se trouve effectivement l'antécédent » (LBU14§931d) (quoique certaines formules permettent un choix : « J'en crois un homme comme vous qui A vu par ses yeux, ou : qui AVEZ vu par vos yeux (LlTTRÉ, s. v. qui, 5°).
Tout en se rappellant évidemment que « quand chacun s'intercale après le pronom relatif qui avec un pluriel comme antécédent, c'est ce pluriel qui doit déterminer l'accord : J'ai deux sœurs qui chacune ONT leur voiture.(LBU14§931e)1
Il est parfaitement naturel que l'on se pose des questions sur le sujet.
- Selon le moment dans l'histoire, ce pouvait être accepté ou non.
- Malgré la régle générale de l'accord du verbe en nombre et avec la personne se rattachant à l'antécédent, la langue populaire emploie « assez souvent » le verbe à la troisième pour l'antécédent de première ou deuxième personne, et certains la reproduisent à dessein ou non.
- La personne qui pose la question a peut-être lu ses classiques ou a observé certaines nuances, avec raison.
1. L'ensemble du contenu est extrait du propos riche, passionnant et incontournable se trouvant dans Le bon usage, Grevisse et Goosse, éd. Duculot, 14e, à § 931. Dix ans après la question et quarante après M. Grevisse, dont on se souviendra toujours, son propos nous rappelle, entre autres, qu'on a déjà fait mieux.
"titi toto tutu"
que pour"toto tutu"
. On peut faire un meilleur test avec Ngrams.moi qui fais
domine nettementmoi qui fait
sans l'écraser.