J’ai rencontré cette expression à deux reprises dans Of Mice and Men de John Steinbeck, publié en février 1937, et j’ai été curieux de la traduction française, effectuée par Maurice-Edgar Coindreau et publiée en 1949.
Je dois admettre avoir été un peu déçu, mais comme Steinbeck est un grand romancier, j’ai encore tendance à croire qu’il aura bénificié d’une traduction fidèle aux attentes des lecteurs de l’époque. Elle semble indiquer que la traduction de l’expression n’était pas simple. J’ose supposer qu’un traducteur d’aujourd’hui serait plus audacieux, mais ces exemples montrent comment la chose a été approchée par un traducteur littéraire professionnel (que l’on approuve ou non ses choix est une autre discussion, à laquelle j’apporterais bien quelques remarques, mais que je laisserai ici de côté).
Le premier exemple provient du chapitre 2 :
“Listen to me, you crazy bastard,” he said fiercely. “Don’t you even take a look at that bitch. I don’t care what she says and what she does. I seen ’em poison before, but I never seen no piece of jail bait worse than her. You leave her be.”
— Écoute-moi, bougre de con, dit-il furieux, t’avise pas de regarder cette garce. J’ me fous de ce qu’elle dit ou de ce qu’elle fait. C’est pas la première fois que je vois des poisons comme ça, mais j’ai jamais rien vu de meilleur pour faire coffrer un type. Laisse-la tranquille.
Le second nous vient du chapitre 3 :
George said, “She’s gonna make a mess. They’s gonna be a bad mess about her. She’s a jail bait all set on the trigger. That Curley got his work cut out for him. Ranch with a bunch of guys on it ain’t no place for a girl, specially like her.”
George dit :
— Ça fera du vilain. Sûr qu’il se passera du vilain autour d’elle. C’est un piège tout tendu pour ceux qu’ aiment la prison. Le Curley a son travail tout préparé. Un ranch avec un tas de types, c’est pas un endroit pour une femme, surtout une comme ça.
Bien sûr, on aura remarqué que Steinbeck a utilisé jail bait et non jailbait, mais je crois que c’est mineur et n’influence ni le sens original, ni la traduction qu’on en a tiré.