A propos de Cordialement...
La plupart du temps en fin de lettre ou de courriel ce mot signifie : affectueusement, amicalement, avec bienveillance, chaleureusement, spontanément, sympathiquement…
Mais on peut aussi détester quelqu’un cordialement, lui vouer une haine cordiale ou au contraire lui témoigner des cordialités affectueuses…le mot utilisé seul ne pourrait-il pas prêter à une certaine confusion ?
Le latin cord retrouvé dans cordis a donné cœur en français. Puis un synonyme coraticum a abouti à courage. Le mot courage fut longtemps synonyme de cœur organe essentiel « siège des sentiments » et même de l’âme selon Aristote. L’élément « cord » existe dans concorde et discorde, du latin concordia = « communauté de cœur » ou « communauté de sentiments ».
« Tout le talent d’écrire ne consiste-t-il pas après tout que dans le choix des mots ? »
Une même formule de politesse et de salutation doit-elle achever telle lettre dédiée à l’élue (ou l’élu) de son cœur ou tel courriel destiné à une administration fiscale ?
L’e-mail, cette nouvelle forme de correspondance, se termine très (trop ?) souvent par cordialement ….
Mais cordialement signifie étymologiquement, « propre à faciliter le fonctionnement du cœur c’est à dire fortifiant, remontant, stimulant, tonique » puis « qui vient du cœur » , « du fond du cœur », « avec tout son cœur » et plus récemment « franchement, loyalement, ouvertement, sincèrement, spontanément, sympathiquement ». Même le mot courage fut synonyme de cœur puisque ce noble organe était considéré comme le siège des émotions,de la volonté , de la force. Un cordial, c’est à dire une boisson alcoolisée, réconforte le cœur.
La valeur du terme est donc intensive mais parfois existe une effet d’antiphrase car on peut aussi haïr, s'ennuyer cordialement.
Peut-être conviendrait-il de choisir le terme selon que l’on souhaite exprimer une « communauté de cœur » ou concordance ou bien signifier une « divergence de sentiments » ou discordance.
Dommage que l’on n’utilise plus la superbe formule épistolaire latine «e corde ad cordem » du cœur (de l’expéditeur) au cœur (du lecteur)…
Le poète aurait-il toujours raison ?
Que les cieux vous gardent en bonne santé