Toute personne connaissant le français, qu'elle soit une personnalité de la vie politique ou une brute a moitie analphabète, devrait se rendre compte assez rapidement que s'il y a une corrélation entre le genre des mots employés et le sexe -- qu'il soit biologique ou social, ressenti ou imposé -- des personnes désignées, passer de cette corrélation à une détermination est un exercice voué à l'échec. A l'heure des mamans, les papas ne sont pas si rares que ça à venir rechercher leur progéniture qui elle même peut être pourvue d'attributs mâles. Si vous parlez des institutrices de l’école de votre enfant (qui lui peut être pourvu d'attributs féminins), des infirmières qui vous ont soigné, il n'est pas impossible que des hommes soient compris dans le collectif, n'en déplaise aux grammairiens qui oublient de regarder l'usage. La sentinelle surveillant l'approche de l'ennemi, l'estafette allant chercher des troupes en renfort, celles-ci même, ont plus de chances d’être des hommes que le médecin qui soignera les blessés après la bataille.
Si vous pensez que changer la langue fera changer les mentalités (personnellement, je pense qu'il en ira dans l'autre direction), plutôt que de la tordre, poussez-la sur sa pente naturelle, favorisez l'accord à la majorité, au plus proche -- usages répandus depuis longtemps que certains grammairiens ont cherchés à combattre sans jamais réussir à les supprimer -- et plutôt que de chercher à augmenter les relations entre genre et sexe, cherchez au contraire à rendre plus commune la conscience de la rupture entre ces deux notions et de l'artificialité d'une règle que l'on applique uniquement parce qu'on nous a enseigné que c'était la règle.