Le pronom « on » a déjà été assimilé à un nom vu son origine, et a conservé à l'écrit la possibilité d'avoir l'article défini; et c'était important car ces grammairiens avaient peur du hiatus possible avec et, ou, où, quoi, si et de l'homophonie dans le cas de que, sans l'article, de sorte que l'on a parfois jugé que c'était même requis. On peut illustrer :
Ce qu'on propose... c'est de passer au vote, et on insiste.
Ce
con propose... de tout foutre en l'air.
Ce qu'ont proposé ces gens,
c'est qu'on... vote.
Ce que l'on propose, c'est que l'on vote.
On en voit l'utilité, mais l'utiliser reste un choix (par exemple, voir un emploi empreint de liberté présenté dans Le Bon Usage (note R2, au par. 754) apparaissant directement au dictionnaire de l'Académie (9ème), à l'entrée fin:[...] « Ce qu'on se propose pour but, résultat que l'on poursuit. ». Ça s'utilise aussi en tête de phrase sans difficulté (l'extrait présenté apparaît usuellement sur deux lignes) : « L'on comprend que lorsqu'il se tait, c'est pour penser. » (Gide, Thésée).
Pour l'euphonie, les grammairiens conseillent d'éviter l'on après
dont ou devant un mot commençant par [l] et de l'employer après que si la syllabe qui suit est [kɔ̃]. Mais si la première prescription (après dont) est assez bien respectée, les manquements
aux deux autres sont loin d'être rares:
[...] CE QU'ON CONCÉDERAIT à la vérité (Camus, Homme révolté, p. 233). [...]
[ Le Bon Usage, Grevisse et Goosse, ed. De Boeck/Duculot, par. 754 f)
]
Je ne crois pas que ce soit un style ou un procédé littéraire; tel qu'on l'indique dans la réponse, il s'agit de vestiges de l'histoire de la langue française.1 Dans l'oeuvre Sur le pont d'Avignon, on peut noter qu'on a déjà eu aussi « Tout le monde y danse, y danse » où l'article est présent. Personnellement, j'entends le refrain dans mon esprit sans le « l'»; et toujours à mon avis, l'entendre rappelle le « que », absent, et me donne une impression d'ampleur (tant), et de lieu (où).
1. On lira avec intérêt les paragraphes 753 et 754, avec tous les exemples et contre-exemples, dans Le Bon Usage. Je le paraphrase amplement ici; en ancien et moyen français on avait avant le 17ème (avec son « t ») : « *tant crie l'on Noël qu'il vient*. » (Villon, Poèmes variés). Pour situer, à cette époque-là, Vaugelas écrit (LBU, note H2, par. 684) : « Je ne le veux pas faire, sera meilleur que je ne veux pas le faire parce qu'il est incomparablement plus usité. » Il faut voir, à mon avis, que les temps ont bien changé mais que la richesse demeure. On notera que A. Goosse a écrit : Les emplois modernes de l'on, dans Mélanges de grammaire et de lexicologie française, pp. 1-37 !