Cette prononciation simplifiée n'est plus utilisée mais l'était encore dans certaines écoles primaires au moins jusqu'aux années 1930.
L'alphabet était alors déclamé comme suit :
A BEU QUEU DE E FEU GUEU HEU I JEU QUEU LEU MEU NEU O PEU QUEU REU SEU TEU U VEU WEU1 XEU Y2 ZEU
Cette manière de prononcer facilitait l'apprentissage des syllabes et a donné la forme /bø a ba/.
Un inconvénient était l'indifférenciation de C, K et Q.
Cette technique qui a donc subsisté jusqu'au début du XXe siècle a été introduite en 1660 dans la Grammaire de Port-Royal :
CHAPITRE VI
D'une nouvelle manière pour apprendre à lire facilement en toutes sortes de langues.
Cette méthode regarde principalement ceux qui ne savent pas encore lire.
Il est certain que ce n'est pas une grande peine à ceux qui commencent, que de connoître simplement les lettres ; mais que la plus grande est de
les assembler.
Or, ce qui rend maintenant cela plus difficile, est que chaque lettre ayant son nom, on la prononce seule autrement qu'en l'assemblant avec
d'autres.
[...]
Il semble donc que la voie la plus naturelle,
comme quelques gens d'esprit l'ont déjà remarqué,
seroit que ceux qui montrent à lire, n'apprissent
d'abord aux enfans à connoître leurs lettres, que
par le nom de leur prononciation ; [...]
Qu'on ne leur nommât aussi les consonnes que
par leur son naturel, en y ajoutant seulement l'e
muet, qui est nécessaire pour les prononcer : par
exemple, qu'on donnât pour nom à b, ce qu'on
prononce dans la dernière syllabe de tombe; à
d celui de la dernière syllabe de ronde; et ainsi des
autres qui n'ont qu'un seul son.
Que pour celles qui en ont plusieurs, comme c,
g, t, s, on les appelât par le son le plus naturel
et plus ordinaire, qui est au c le son de que, et au
g le son de gue, au t le son de la dernière syllabe
de forte, et à l's celui de la dernière syllabe de
bourse.
On retrouve quelques vestiges de cette prononciation dans SNCF parfois encore prononcé « pour rire », /sø nø sø fø/ (seu neu ce feu) et l'équipe de football de Toulouse (TFC: Toulouse Football Club) originalement appelée /tø fø sø/ (teu feu seu), et qui a gardé jusqu'à aujourd'hui (même si c'est un autre club qui a repris le même nom) une prononciation particulière du F : /te fe se/ (téfécé).
La prononciation moderne est /be a ba/ et elle s'est lexicalisée en un mot B.A. BA ou mieux b.a.-ba qui signifie rudiments les plus basiques d'un savoir, d'une connaissance. Grevisse écrit béaba.
1Le W n'était pas enseigné comme une lettre distincte à cette époque.
2Prononcé comme I.