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J'ai eu une petite discussion avec mes collègues sur les niveaux des différentes manières de dire « manger » de façon familière. Nous avons « bouffer », « grailler », « béqueter ». Certains disent que la seule différence est que certains sont plus locaux que d'autre. « Bouffer » serait plus national et « béqueter » du nord.

Sauriez-vous d'où proviennent chacun des verbes et s'ils comportent aussi des différences au niveau de leur utilisation ? Connaissez-vous d'autres verbes familiers pour dire « manger » ?

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  • @StéphaneGimenez Je n'avais jamais entendu "tchapper" et je suis sur Toulouse depuis plus de 15 ans ^^ Commented Aug 2, 2019 at 8:16
  • 1
    Se taper/faire un kebab. En ce qui concerne "grailler", c'est issu de la banlieue parisienne, en général ça part de là, puis 2, 3 clips de rap, et le tout s'étend aux banlieues de France. "On va graille un grec", c'est typique parisien. Commented Aug 2, 2019 at 8:19
  • 3
    Grailler est plus ancien que le rap !!! Le mot existait bien avant la notion de banlieue telle que nous la connaissons aujourd'hui.
    – None
    Commented Aug 2, 2019 at 8:36
  • 2
    @BaptisteGavalda C'est le problème des parlers régionaux qui se disparaissent. Dans mon enfance - qui remonte à loin - on parlait « patois » (en BCBG on dirait occitan de nos jours) encore sur le marché Arnaud Bernard (pas seulement, bien sûr mais c'est celui que je fréquentais).
    – None
    Commented Aug 2, 2019 at 8:42
  • 1
    @BaptisteGavalda On ne peut pas tous connaitre tous les mots.. et puis je suis peut-être plus vieux que ton grand-père !
    – None
    Commented Aug 2, 2019 at 8:56

2 Answers 2

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Les termes proviennent de l'argot et sont toujours plus ou moins argotiques ; de même que les termes supplémentaires dont il est question dans la seconde partie de la question ils sont tous plus en moins entachés de vulgarité, tout au moins pour les français les plus exigeants en matière de langue française. Voyons d'abord un ngram pour les fréquences comparées de leur emploi (ngram).
« Bouffer » est tout à fait national, je crois être assez sûr de ça. C'est un terme populaire pour le TLFi ; il a possiblement gagné en tolérance dans les décennies passées pour devenir seulement familier.
« Grailler » est bien familier ; c'est tout simplement un synonyme de « manger » avec une possible connotation (répété ci-dessous) ;ce terme est énormément moins courant que « bouffer », lequel se compare à « becqueter » de la même façon (voir ngram précédent) ;

Le verbe grailler est employé dans le langage familier pour décrire l'acte de s'alimenter. C'est un terme plutôt bienveillant, qui désigne un repas agréable et appétissant, souvent à base de nourriture riche. Exemple : Il a préparé un festin. On va bien grailler.

Chose surprenante, le terme « becqueter » est considéré comme de la langue courante par le TLFi, pas un terme familier (TLFi). Je le considère personnellement comme vulgaire, argotique.

Voici d'autres termes, avec certaines de leur connotations particulières ;

  • tortorer : populaire ref
  • bâfrer fam. et pop., manger gloutonnement et avec excès
  • boulotter Arg. signifie tout simplement « manger »
  • croûter Arg. manger
  • briffer Pop. Manger avidement et gloutonnement.
  • casser la croûte : se restaurer, manger ; signifiait encore récemment « manger un morceau » (1798 casser la croûte « manger un morceau » (Ac.)) mais le sens a été détourné.
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  • Je n'avais pas pensé à regarder sur Google trend, béqueter à bien l'air d'être propre au nord de la France trends.google.fr/trends/… Commented Aug 2, 2019 at 8:31
  • 1
    Le verbe grailler est bien plus courant que vous ne le pensez. En termes d'argot issu typiquement de la rue, je pense que le TLFi n'est clairement pas une source, les réseaux sociaux en disent bien plus à ce niveau. Ce n'est qu'une question de génération Commented Aug 2, 2019 at 8:33
  • 1
    On ne peut établir aucun rapport entre le fait qu'un mot soit dans le TLF et sa fréquence. Combien de bons dictionnaires ont oublié de mots ! Par ailleurs la rue fait la langue, plus que les dictionnaires et l'académie française.
    – None
    Commented Aug 2, 2019 at 8:47
  • 4
    Ngrams (corpus écrits) et le TLF (1789-1960) ne sont pas des sources utiles pour le langage familier post 20e siècle. Commented Aug 2, 2019 at 9:15
  • 1
    @suiiurisesse Disons que ça ne l'est pas pour une majorité qui n'a aucun souci de préserver un langage bien châtié, qui monte et qui descend avec la vague comme le bouchon, et que ça l'est pour d'autres, qui n'ont pas encore disparu ; pourquoi penser aux uns et oublier les autres ? Je donne bien dans cette unilatéralité mais c'est une erreur qui se corrige. Il n'y a pas de meilleur moyen pour voir ce qu'un peuple fait de son esprit que de passer en revue ses créations.
    – LPH
    Commented Aug 3, 2019 at 22:12
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Je ne connais pas de différences régionales dans l'emploi des mots « bouffer », « becqueter » et « grailler ». Il est possible que certains soient plus répandus que d'autres selon les régions, il faudrait une étude plus fine.

Bouffer est d'origne onomatopéique, le radical buff évoquant le gonflement « et suggère plus particulièrement l'action de lâcher de l'air après l'avoir gardé la bouche close et gonflée ». Le sens particulier de « gonfler les joues par excès d'aliments (16e siècle) est sorti d'usage mais a donné par métonymie celui de mange goulûment. » (DHLF)

Becqueter vient de bec, désignation populaire de « bouche ».

Grailler vient de l'ancien français graillon (rôtir sur un gril), la graille (nourriture) est apparu au XXe siècle, et de là « grailler » (1944). (Source DHLF).

Tchaper, par contre, est un usage local du sud-ouest de la France. Le mot vient de l'occitan chapar [tʃapaʁ] - (Bernard Vavassori - Petit précis de parler méridional). Ça a plus le sens de « dévorer » que de manger.


À ceux-ci j'en ajoute deux qui sont assez fréquents me semble-t-il.

Bâfrer (1740), de baufrer (1507) dérivé de l'onomatopée baf qui évoque ce qui est épais, boursouflé, gonflé, puis le fait de manger gloutonnement, les joues étant gonflées de nourriture. (Source DHLF)

Boulotter (bouloter). L'histoire de ce mot, trouvée dans le Dictionnaire du français non conventionnel (Jacques Cellard et Alain Rey) me semble assez intéressante pour être partagée ici.

L'histoire du mot est complexe et mal connue. Nous pensons qu'il s'agit d'un même verbe boulotter, apparu vers 1830, intransitif, avec le sens 2 [*] et une sujet personnel (Je boulotte, je me laisse vivre). Ce sens s'est bien maintenu tout au long du 19e siècle ; il est largement attesté dans H. Monnier (Les bas-fonds, passim) et encore dans Zola (« Pendant une année encore la maison boulotta », L'assomoir) et Courteline.
Vers 1840-1845, deux sens se greffent sur le premier. L'idée de « vivoter plutôt bien » engendre naturellement celles de « avoir du travail », « avoir à manger ». La première est bien attestée dans H. Monnier ; c'est très probablement boulotter en ce sens qui a fourni boulot, travail, mais s'est transformé en boulonner, familier. La seconde notion, celle de « manger à sa faim », a à peu près éliminé les deux autres sens ; elle a certainement été favorisée dans sa diffusion par la proximité de bouffer. Le verbe est à l'origine un diminutif de bouler « rouler comme une boule » (Cf. « Ça roule ! », attesté en ce sens en 1800.

*sens 1. transitif : manger. sens 2. intransitif : aller doucement, suivre son cours de façon satisfaisante (sens disparu au 20e siècle).

Se taper utilisé uniquement avec un complément (« j'ai bien envie de m'taper un burger »). Vient du sens sorti d'usage de « taper quelque chose » qui signifiait « se servir abondamment de quelque chose ». (DHLF)

On dit aussi  se taper la cloche. Pour l'instant je n'ai pas trouvé de source à laquelle je ferais pour dire pourquoi « la cloche » (cloche = la tête ne me convainc pas).


Et d'autres qui me semblent moins courants :

Jouer des dominos. En argot les dominos ce sont les dents (par analogie de forme et de couleur avec les plaquettes du jeu du même nom et qui autrefois étaient en ivoire). Au 19e siècle on employait l'expression argotique « Jouer des dominos » pour dire manger. (Dictionnaire du français non conventionnel)

«C'est affaire à toi, me dit-il, comme tu joues des dominos, à te voir, on croirait que tu morfiles dans de la crignole » (Les mémoires de Vidocq, Tome 3)

Se caler les joues (se les caler) : Apparu au 19e siècle « par extension du sens de caler qui signifie "installer confortablement" » (DHLF)

«... il est expressément convenu que "tous les mecs seront cuistots, chacun son tour", et qu'ils seront condamnés "à bouffer de leur tambouille au lieu de se les caler avec des frites,..." » (Roland Dorgelès, Les croix de bois)

S'en mettre (s'en foutre) plein la lampe expression datant du début du XXe siècle et qui se rattache au sens argotique de lampe * « estomac ». (DHLF)

*Sens argotique qui dérive du sens initial du mot lampe : récipient contenant un liquide.

Comme un chien, comme un porc, comme une bête, je mange, je mange, je bouffe, je bâfre et je me gave, à m'en faire éclater, à me faire crever. Je m'en mets plein la panse, plein la gueule, plein la lampe. Je veux m'enfoncer dans le manger, m'y vautrer, m'y noyer. (Rachel Hausfater Yankov.

Il existe énormément d'expressions familières pour dire manger et ma réponse ne saurait être exhaustive. Un petit aperçu dans Le Bouquet des expressions imagées de Sylvie Claval et Claude Duneton.

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    D'autres suggestions : boustifailler, casser la graine, grignoter, gueuletonner, picorer, ripailler, s’empiffrer, se goinfrer.
    – jlliagre
    Commented Aug 2, 2019 at 13:27

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