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À l'Académie française :

Naguère était gourmand qui aimait manger abondamment. Par métonymie, on l’a employé comme adjectif avec des noms comme bouche, lèvres, regards, mines, etc. pour former des expressions marquant un fort désir de nourriture ou de plaisir charnel.

Mais on observe depuis quelque temps un renversement dans les expressions, puisque le gourmand n’est plus celui qui mange, mais ce qui est mangé. On parle maintenant de produits gourmands, de desserts gourmands, et de bien d’autres encore, quand il aurait suffi que ces produits ou desserts soient pleins de goût ou savoureux. Livre de cuisine semble alors une faute, qu’il faut combattre en employant, évidemment, livre gourmand. On ne suivra pas cette mode et l’on n’emploiera gourmand que pour qui aime les plaisirs de la table et de la chair.

on dit                                on ne dit pas
De délicieuses pâtisseries            Des pâtisseries gourmandes
Des fruits savoureux, appétissants    Des fruits gourmands
Un café accompagné de mignardises     Un café gourmand

[ Académie française, Dire, Ne pas dire • extensions de sens abusives, « gourmand » ]

Au TLFi :

[...] B. − 1. Qui aime la bonne nourriture et qui sait l'apprécier. [...] Rem. « Gourmet et gourmand ne sont pas interchangeables. Un gastronome est un gourmet; un gourmand n'en est pas nécessairement un. On peut être gourmand de chocolat et de sucreries et n'être en aucune façon connaisseur pour les autres éléments qui constituent les plaisirs de la table » (Dupré 1972).
♦ [P. méton. du déterminé] Où l'on mange bien. Région gourmande. Il suffirait, à un gastronome, de dire que Saulieu, patrie gourmande de l'illustre Alexandre Dumaine est en Morvan (Arts et loisirs, 3 mai 1967, p. 75).

[ [Trésor informatisé de la langue française, « gourmand] » ]

Au DHLF :

Le mot a perdu sa connotation négative au XVIIIe et au XXe s.; l'adjectif, dans des emplois extensifs, est devenu synonyme de gastronomique (chronique gourmande, etc.).

[ Dictionnaire historique de la langue française, sup. Rey, chez Robert, 2011, « gourmand » ]

Plus généralement : Wiktionaire, TLFi, Larousse en ligne 1, Larousse en ligne 2, Ac.9.


  • Peut-on comparer chronique gourmande et café gourmand et expliquer s'ils s'appuient sur le même sens de l'adjectif gourmand ou autrement l'identifier pour chacun ?
    • Le propos de l'Académie vise-t-il l'emploi dans chronique gourmande ?
    • La remarque et ce qui la suit au TLF aident-ils à comprendre davantage et si oui comment ; région gourmande est-il comme le premier ou le deuxième ?

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Je ne suis pas bien certain de bien comprendre la première question, pourrais-tu la reformuler plus clairement ? Selon tes exemples, les deux adjectifs n'ont pas le même sens : "chronique gourmande" est vue comme "gastronomique", c'est-à-dire "de gourmet", alors qu'un "café gourmand" est un café pour les gourmands, qui veulent des choses sucrées à grignoter avec leur café.

Pour ta deuxième question, oui, elle vise l'emploi de "chronique gourmande" vu que celui-ci est déjà une utilisation impropre de "gourmand" selon les propres termes de l'Académie. Elle respecterait les critères s'il s'agissait d'une chronique de gens qui mangent beaucoup ou qui aiment manger sans distinction de qualité.

Aparté : dans le texte de l'Académie, l'ellipse logique du "livre de cuisine" sort de nulle part et ne semble pas avoir beaucoup de sens. En quoi "livre de cuisine" devrait-il être remplacé par "livre gourmand" ? Cela ne renvoie à aucune constatation établie avant dans le texte, même en tant qu'extrapolation.

Concernant la troisième question, "région gourmande" est quelque peu équivoque. La définition et l'exemple semblent auguiller vers "gourmet", "gastronomique" ("où l'on mange bien", "à un gastronome"), mais même cela n'est pas complètement acquis. Personnellement, je pourrais très bien dire "on mange bien dans cette région" dans le sens de "les repas sont copieux", mais sans nécessairement faire allusion au raffinement ou à la qualité de la nourriture. Se pose aussi la question de savoir ce qu'est une "région où on mange bien". En France en tout cas, il n'y a pas de région où l'on mange "mal", que ce soit en quantité ou en qualité. Le manger mal est le fait de la personne, de sa richesse financière et des produits qu'il achète. Cela nous pousserait donc à comprendre "région gourmande" à l'aune de la prépondérance de la cuisine dans l'image qu'on a de la région. Par exemple, la Bretagne et la Normandie pourraient être vues comme gourmandes à cause de la culture de la crème, du beurre et des pommes, alors que la Champagne n'est pas une région gourmande car on n'y rattache aucune vraie idée de mets typique.

En conclusion, je dirais que l'adjectif "gourmand" est le cas typique d'un adjectif qui se module selon le locuteur et le destinataire car son sens est nébuleux. Le contexte aidera à préciser le sens.

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