Le verbe absorber dérive du verbe latin absorbere, et plus particulièrement du radical de l'infinitif. Le nom absorption dérive du nom latin absorptio. Il faut donc remonter au latin pour la transformation du b
en p
. Cette évolution s'explique certainement par la difficulté de la succession [bt]
qui se transforme naturellement en [pt]
.
Le suffixe -tion est dérivé du suffixe latin -tio, et est resté productif en français. Ce suffixe nominatif peut aussi, plus rarement, prendre la forme -sion ; l'article du Trésor de la langue française explore la répartition. Là encore, la distinction remonte au latin : tension de tensio, dissension de dissensio, appréhension de apprehensio, mais question de quaestio, attention de attentio, ... Souvent, le nom est formé en latin sur le même radical que le supin du verbe, et un verbe existe, formé sur le radical du présent du verbe latin (tendre, appréhender, quérir, attendre, ...). Comme souvent en français, on a gardé l'orthographe éymologique en -tion
même après que la prononciation eut évolué.
Pour ce qui est du préfixe, l'évolution de la prononciation est différente : le [b]
s'est transformé en présence d'un [s]
et non d'un [t]
. Faire suivre un [b]
par un [s]
tend à transformer la consonne bilabiale en une labio-dentale, pour faire faire par la mâchoire supérieure ce que les lèvres ont du mal à faire seule (dans l'autre direction, le [s]
pourrait se transformer en [z]
). Comme le français n'a pas de phonème [b̪]
, on le rend par la consonne sourde [p]
, même si en pratique elle est plutôt prononcée à mi-chemin entre [b]
et [p]
.
/s/
ça s'entend beaucoup moins.)