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En français, le mot "huit", lorsqu'il est employé seul, est normalement prononcé [ɥit].

Cependant, j'ai remarqué que dans certaines régions (personnellement, j'ai remarqué ça en région parisienne), les locuteurs ajoutaient parfois le son [l] au début du mot. On obtient alors [lɥit].

J'ai trouvé très peu d'informations sur cette prononciation. Voici un exemple (celui qui m'a fait poser cette question). À 55min45, la commentatrice prononce clairement le chiffre 8 de cette façon. Je reste preneur d'éventuels extraits à ajouter dans ce post, car cette rediffusion d'un match de tennis ne sera peut-être pas disponible de façon permanente.

Ma question est la suivante : comment et pourquoi est-on arrivé à cette prononciation dans certaines régions (et chez certains individus en particulier) ? Y a-t-il une ancienne structure de laquelle pourrait dériver cette construction ?

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  • Est-ce qu'ils disent aussi l'un et l'onze ?
    – jlliagre
    Commented Oct 9, 2020 at 14:49
  • Pas que je sache. A priori, ce serait plutôt dérivé du son [ɥi] plutôt que des nombres en eux-mêmes. Je précise quand même que j'ai entendu cette prononciation venant de personnes que je ne connais pas énormément, donc il m'est difficile d'analyser leur façon de parler.
    – Reyedy
    Commented Oct 9, 2020 at 14:50
  • 4
    Je n'ai jamais entendu ce régionalisme par contre huit fait partie des mots en 'ui' qui sont prononcés différemment dans certains régions, notamment en Belgique francophone ([wit] en l'occurence).
    – vc 74
    Commented Oct 9, 2020 at 15:08
  • 1
    J'ai ajouté un exemple dans ma question. Ce n'était pas la première fois que j'entendais cette prononciation, mais c'est à ce moment-là que j'ai eu l'idée de poser cette question.
    – Reyedy
    Commented Oct 10, 2020 at 10:44
  • 1
    @Lambie En quoi ce serait pertinent ? Que ce soit \wit\, \ɥɪt\ ou \ʏ.ɪt\, la question parle d'un « son [l] au début du mot » avant ces nuances et le locuteur est originaire de Normandie.
    – 0-One-0
    Commented Jun 12, 2022 at 20:05

4 Answers 4

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Bravo et merci à l'auteur de ce post, pour ce sujet si spécifique qui m'intrigue depuis des années.

Je suis professeur de soutien scolaire et j'accompagne les élèves en maths et physique en cours particuliers. J'exerce dans le sud de la France et mes élèves ont le plus souvent l'accent méridional. Mais bien d'autres accents sont également représentés.

Le fait de les écouter attentivement et individuellement lorsque nous travaillons ensemble me conduit à repérer des éléments de prononciation, de dialectes, de sociolectes et même de chronolectes (quand je parle avec leurs parents et grands-parents) qui m'interpellent, sans que je n'ose jamais m'enquérir de leur région d'origine.

La première fois que j'ai entendu prononcer [lɥit] pour "8", c'était auprès d'un de mes élèves qui souffre de dysphasie, je n'ai donc pas réalisé qu'il pouvait s'agir d'une prononciation répandue. Puis, au fil des rencontres, 3-4 de mes élèves m'ont fait cette troublante surprise de prononcer le chiffre "8" avec la forme [lɥit]. J'ai alors compris que c'était une variante dialectale.

Il y a très longtemps, j'ai étudié le néerlandais, langue dans laquelle 8 se dit "acht", (prononcé et écrit comme en allemand, notamment). J'utilisais une méthode sur laquelle, à la page enseignant les nombres, pour "80", il était écrit "tachtig", alors que "8" et "18" donnent respectivement "acht" et "achtien". Sans être linguiste et sans prendre la peine de chercher dans google, ce "t" en trop me fait penser à "het", article défini du néerlandais, un peu comme si c'était "het achtig", "Le 80". Un peu comme dans "la Relation de van 't Hoff", (nom d'une loi de thermodynamique), dont le nom du découvreur est un toponyme, contracté de "Van het Hoff", avec cet étrange t apostrophe en vrac.

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  • Dans notre langue(Persian) 8 est prononce hasht too(avec prononciation anglais) Commented Apr 28, 2021 at 19:11
  • Le t de tachtig est évocateur de l'article neutre, mais n'a probablement rien à voir avec ce dernier. L'étymologie habituelle est qu'il vient d'un ancien préfixe, dérivé de hund (100, comme dans hundred and honderd) qui permettait de former les dizaines de 70 à 120 dans les langues du Nord de la Germanie (vieil anglais hundendleftiġ "hundeleventy", or 110). En néerlandais, le suffixe s'est réduit à t- dans 80 et est l'explication pour la prononciation avec un /s/ initial de zeventig (70) Commented Apr 28, 2021 at 19:23
  • [lɥit] pour "8", parce qu'il s'agit de le + huit. le huit. Ce n'est pas une variante dialectal. C'est un phenomène linguistique.
    – Lambie
    Commented Jun 13, 2022 at 15:15
2

Le projet PFC (Phonologie du Français Contemporain) recense les parlers francophones des différentes régions. Bien que le site web soit très orienté vers la documentation des faits de liaison et de prononciation des schwas, il permet de chercher les occurrences de 8 et d'écouter leurs prononciations.

Je ne crois pas que [lɥit] fasse partie des données collectées.

Par ailleurs, dans l'exemple du match de tennis, la présence du [l] n'est pas particulièrement claire. On pourrait aussi transcrire :

  • plus de huit coups => plydəʔɥiku
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  • Je ne suis pas d'accord avec l'interprétation selon laquelle on distinguerait le son [ʔ]. Pour moi, il est clair qu'on n'entend pas de coup de glotte dans cet exemple. D'ailleurs, si c'était le cas, je pense que la prononciation serait bien moins fluide que ce qu'on entend de la part de la commentatrice.
    – Reyedy
    Commented Oct 14, 2020 at 8:58
  • Les français et les canadiens prononcent huit et suite de manière différente.
    – Lambie
    Commented Jun 10, 2022 at 16:59
  • 1
    @Lambie En quoi ce serait pertinent ? Que ce soit \wit\, \ɥɪt\ ou \ʏ.ɪt\, la question parle d'un « son [l] au début du mot » avant ces nuances et le locuteur est originaire de Normandie.
    – 0-One-0
    Commented Jun 12, 2022 at 20:06
1

Je suis parisienne, et ma prononciation est clairement [lɥit], et la plupart des personnes que je fréquente le font aussi. Mais c'est vrai que je ne trouve nulle part d'information là-dessus, alors qu'on parle beaucoup plus régulièrement d'autres points de l'accent parisien qui me sont pour le coup complètement étrangers (le fameux e prépausal par exemple, ou le [ç] après un /i/ en fin de mot). Ça me paraît pas improbable que ça soit une évolution récente et pas trop répandue. Dans les faits [lɥit] et [ɥit] sont suffisamment semblables pour que la plupart des gens ne s'en rendent même pas compte, surtout dans le flot d'une conversation (on ne m'a par exemple jamais fait la remarque comme quoi je prononçais mal). C'est possible que ça soit une espèce de réflexe pour briser des hiatus, étant donné que huit est le seul mot en [ɥi] qui peut suivre une voyelle (à ma connaissance, huile par exemple est systématiquement précédé d'un déterminant, et les autres sont de toutes façons rares et plus utilisés). Par exemple "il en a huit" /ilãnaɥit/ j'ai naturellement tendance à caler un /l/ pour fluidifier la phrase.

1
  • Ça arrive aussi avec huile.
    – jlliagre
    Commented Jun 13, 2022 at 15:52
-1

Il semblerait que cet usage soit très restreint étant donné que dans la recherche suivante, qui est très avancée, toutes les variantes principales ont été enregistrées. On peut voir par exemple qu'en Normandie seule, quatre variantes ont été reconnues. Comment se ferait-il que la variante en question ([lɥit]) dans la région parisienne aurait échappé aux investigations ? C'est très vraisemblablement qu'elle n'est partagée que par un infime nombre de locuteurs.

Sound Comparisons

Addition subséquente à la fourniture du seul échantillon disponible

Après une écoute du nouvel échantillon je tends à croire que cette personne a désespérémment fouillé son esprit à la recherche d'une nouvelle forme, encore inexistante. Si on examine les mots de cette commentatrice on s'aperçoit qu'elle dit exactement ceci.

On est tout de même partis sur euh… une moyenne d'échange à la…plus de l'huit coups

Le fait que la préposition « à » précède le son « la » et que après « plus » on trouve « l' » tend fortement à laisser penser qu'il s'agit de l'article « la » pour le son « la » et de l'article « le » pour le « l' », article dont le « e » a été élidé selon la prononciation coutumière des parisiens. Le fait que la commentatrice s'engage sur la forme « à la » est très probablement le résultat d'une impression qu'une expression toute faite existerait pour qualifier un échange de huit coups ou qu'une construction standard peut se faire en commençant ainsi (« à la ») avant de s'apercevoir qu'elle a fait fausse route, d'où l'hésitation et un essai de rattrapage avec « plus de » en espérant encore qu'un terme qui convienne syntaxiquement lui vienne à l'esprit mais cela n'arrive pas assez vite et elle se sort d'embarras en énonçant l'essentiel, c'est à dire « le huit coups », « le » étant une tentative de minimiser le manque de correction de sa formulation, peut-être parce que « coup » est masculin, mais cette dernière supposition est moins sure.

Les formes trouvées dans ce lapsus se retrouvent dans des termes possibles afférents au contexte (au moins du huit coups à tous les échange… un échange à huit coup), termes qui n'ont pas à être utilisés dans les milieux du tennis mais dont le modèle a un impact certain sur le locuteur du fait de sa générale application dans le langage.

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  • Ça ne répond pas à la question. Ce ne devrait être au mieux qu'un commentaire.
    – jlliagre
    Commented Oct 9, 2020 at 16:19
  • @jlliagre Ça répond à la question en cela qu'un usage qui est très restreint ne laisse pas de traces et que les linguistes n'ayant pas le temps de s'intéresser à un usage local qui ne dépasse pas le nombre de quelques centaines, il n'y a aucune chance d'obtenir des informations. On voit dans cette source très minutieuse que de menues différences ont été enregistrées en Normandie; ce ne peut être que parce qu'elles représentaient chacune une assez grande population. Si ce l n'est pas reconnu à Paris il ne peut pas avoir une bien grande représentation.
    – LPH
    Commented Oct 9, 2020 at 17:04
  • Je ne pense pas que tu as autorité pour décider de ce qui peut intéresser ou non un linguiste. D'autre part, contrairement à ce que tu écris, le site dont tu fournis un lien n'a pas grand chose à voir avec la question posée. Ce qu'il présente, ce ne sont pas des prononciations du français avec des accents régionaux mais, en dehors de Paris, des prononciations de mots traduits en quelques dialectes ou langues régionales. Il ne mentionne par exemple même pas le wit belge qui est pourtant la variante de prononciation du mot huit la plus connue.
    – jlliagre
    Commented Oct 10, 2020 at 23:35
  • Le seul accent régional français représenté est celui de Perpignan.
    – jlliagre
    Commented Oct 10, 2020 at 23:47
  • @jlliagre Je ne prétend pas du tout avoir autorité pour décider de ce qui peut intéresser un linguiste; j'avance seulement comme une raison très plausible qu'étant donné le nombre important des contextes linguistiques à étudier un linguiste choisira plutôt ceux qui ont le plus de substance. Par exemple, j'ai entendu dans la région Bordelaise quelques personnes de très peu d'éducation qui plus ou moins régulièrement prononçaient "putain" comme "puteille"; ces gens-là étaient une exception. J'estime qu'il y a peu de chance qu'un linguiste fasse des recherches approfondies sur quelque (1/2)
    – LPH
    Commented Oct 11, 2020 at 8:07

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