Il y a plusieurs années un député français avait dit au premier ministre du Québec « J'espère que vous n'avez pas trop la plotte à terre » (Le Devoir, La Presse) pour pas trop fatigué, un impair loufoque semant une certaine consternation à l'époque...
L'absence du e dans la prononciation p(e)lote, ou le mot plotte directement, est un terme vulgaire et ordurier en français parlé du Québec, pour désigner le sexe de la femme et la femme par métonymie etc. (voir au Wiktionnaire). Dans l'article du Devoir, on indique que le linguiste de Radio-Canada n'avait trouvé l'expression employant ce mot dans aucun d'une quinzaine d'ouvrage sur le lexique québécois : « Ça ne semble pas venir de l'anglais non plus. On est dans la tradition orale », concluait-il ; Lionel Meney quant à lui la voit comme une version plus intense d'« être sur les genoux/rotules », l'affaissement musculaire. Enfin pour une dizaine d'euros on peut retrouver l'expression dans un livre. Dans le dictionnaire en ligne La Parlure, on voit que ça fait couler beaucoup d'encre virtuelle ; une entrée (51/6) affirme :
La "plotte" fait aussi référence à la pelote, habituellement de laine pour tricoter. Comme tricoter un vêtement est habituellement long et "fatiguant" la tricoteuse peut s'endormir sur sa chaise et laisser tomber sa pelote. Donc avoir la "plotte à terre" signifie être brisé de fatigue. L'expression s'est perdue dans le temps, mais est belle et bien Québécoise.
Mais est-ce que la tricoteuse tient vraiment la pelote, l'a-t-elle sur ses genoux ou plutôt dans un panier par terre et dans ce cas comment peut-elle tomber ; la pelote serait la pièce de vêtement par métonymie ? Je connais l'expression familière avoir le caquet à terre (ou bas), pour la mine basse, qui participe de ce genre d'expression. Plus familièrement pour fatigué on dirait claqué à mon avis. Personnellement je n'ai jamais entendu cette expression au Québec dans ma région. J'en devine le sens parce que je reconnais l'idée d'affaissement (être à terre, avoir quelque chose qui est à terre, de manière imagée) caractéristique d'un état physique ou psychologique, ou même d'une pathologie.
L'expression avoir la plotte à terre est-elle une expression ou simplement un groupe de mots ressemblant à d'autres prototypes d'expressions et dont on peut deviner le sens quand on connaît celui de « plotte » ; participe-t-elle ou a-t-elle déjà participé de la tradition orale au Québec oui ou non et, le cas échéant, est-ce un régionalisme (Rimouski : le Bas-Saint-Laurent ??), depuis quand la connaît-on et comment : est-ce l'effet du tricot, de l'affaissement musculaire, ou une pure invention au lexique qui l'explique ?