Dans Les Regrets de Joachim du Bellay (le fameux “Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage”), on lit au sonnet XXXI:
Plus me plaist le séjour qu’ont basty mes ayeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaist l’ardoise fine,Plus mon Loyre Gaulois, que le Tybre Latin,
Plus mon petit Lyré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la doulceur Angevine.
Ce “Loyre” me tracasse. Pour que l'alexandrin soit de la bonne longueur, il lui faut 2 syllabes. Je n'ai pas d'édition de référence, mais on trouve selon les sources sur Internet plusieurs écritures “modernisées” :
- “mon Loir”, qui ne fait pour sûr qu'une syllabe ;
- “mon Loire”, probablement une modernisation partielle de l'orthographe, mais il n'est pas de rivière appelée “le Loire” ;
- “ma Loire”, qui fait la bonne longueur
Parmi les explications possibles, j'ai lu :
- il s'agit de la Loire, mais le masculin est utilisé parce que c'est le cas en latin (argument qui me semble peu convaincant)
- il s'agit du Loir, mais la prononciation a évolué (j'en doute : Loire et Loir auraient alors été homophones, ce qui me semble peu probable)
Alors, avez-vous accès à une explication “de référence” ? Est-ce la Loire, ou le Loir, et sait-on pour quelle raison du Bellay l'écrit ainsi ?