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J'aime le cinéma québécois parce que ce qui se fait ici est vraiment bon, ça vient me chercher, me toucher. (Marie Chalifoux, dans La Presse)

On trouve cette locution, ça vient me chercher, en parlant de sa réaction au sort d'une personne, aux évènements, à une situation, à une chose etc. On pensait que ça voulait dire (me) toucher (être touché), mais ici on a le verbe toucher qui suit et je pense qu'on évoque une nuance plutôt qu'un synonyme...

  • Quelle est cette nuance ?
  • À quel sens de chercher, voire de venir, rattache-t-on le sens de la locution, qu'est-ce qui cherche quoi au juste ; est-ce que c'est formulé sur le modèle être touché mais de sens ou de degré différent ; est-ce que ça correspond vraiment à être touché ?
  • Est-ce un régionalisme (du Québec) ?
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"ça vient me chercher", dans ce contexte, me fait "ressentir" immédiatement un synonyme tel que : "ça me va droit au cœur". Ce qui correspond à la nuance que vous évoquez, puisque là, on a également la notion "d'intrusion" (dans le cœur et l'esprit). On entre, puis on touche.

Dans le registre de l'émotion, je pense aussi à :

  1. Ça m'apostrophe / ça me parle.
  2. Ça me prend aux tripes (plutôt imagé et vraiment peu châtié).

Néanmoins, pour moi, ça ne comporte pas cette notion de "pénétration" de l'esprit telle que "ça vient me chercher" me l'inspire, puisque apostropher / parler peut se faire à distance, sans notion de mouvement/rapprochement.

Je ne me prononce pas sur le fait que ce soit un régionalisme, même si je le pense, car je n'ai pas de source pour le confirmer.

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Me toucher est une précision. Ça vient me chercher peut être interprété comme ceci:

Ça cherche à éveiller quelque chose en moi [et ça a réussi].

C'est une expression fondamentalement assez vague et le contexte permet généralement de comprendre ce qu'on veut dire. Voici quelques exemples:

  • (tristesse) Quand on parle de fleurs, ça vient me chercher. Ça me rappelle le décès de ma mère.

  • (colère) Quand il fait ça, ça vient me chercher. J'ai le goût de le tabasser.

  • (intérêt) J'ai modifié le design, tu en penses quoi? Ah oui, ça vient me chercher pas mal plus.

On peut faire un lien avec l'expression "Si tu me cherches [...]". Dans ce cas on pourrait parler d'impatience. Voici d'autres exemples trouvés sur Internet:

  • (haine) Je sais bien. Mais j’ai de la misère avec La Pat’Patrouille ! Ça vient me chercher au plus profond de mon cœur à quel point j’« haïs » ça…
  • (colère) Une cause qui te tient à cœur : Toute forme d’injustice, d’oppression & d’intimidation. Ça vient me chercher à un autre niveau.
  • (intérêt) J’adore la BD, les romans graphiques et la poésie nouvelle, qui représente notre réalité de façon crue. Ça vient me chercher.
  • (intérêt ou ému) Les pastels, ça vient me chercher.
  • (fier et ému) Pourquoi ça me touche autant? [...] C’est pour cette raison que ça vient me chercher autant. [...] J’ai un sentiment de fierté à me reconnaître en mes enfants, en Louka.
  • (impatience et énervement) Ça des fois ça vient me cherche[r] un petit [peu] plus. Des personnes qui ne se renseignent pas ou qui ne se renseignent pas aux bonnes personnes et qui utilisent ces informations qui sont souvent erronées et qui viennent te voir.
  • (colère) Ça vient me chercher lorsque je me heurte à des gens qui nient notre réalité, nos histoires, nos obstacles ou qui pensent que parler des femmes, ça englobe nécessairement les femmes noires.
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De toute évidence, il s'agit d'un régionalisme québecois, par ailleurs plaisant et évocateur. Si vous souhaitez être plus littéraire et plus français, par exemple à la mode psychanalyste des années soixante-dix, vous pouvez dire "ça m'interpelle quelque part", une expression maintenant tellement galvaudée qu'il vaut mieux l'éviter.

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