A
Tout d'abord, il faut se rendre compte que la construction de ces phrases est d'une lourdeur assez irritante ; « sincèrement » est un jugement concernant l'énonciation ; en utilisant une forme explicite on a les phrases suivantes ;
- Il faut le croire, je n'aurais d'ailleurs pas dit non […]
- Il faut croire que je n'aurais d'ailleurs rien eu contre […]
Le complément circonstanciel « d'ailleurs » constitue un autre jugement à propos d'une énonciation ; il est ici placé après l'auxiliaire, mais ce n'est qu'une option parmi d'autres pour l'introduire dans une phrase ;
« d'ailleurs, je n'aurais pas dit non […] » est totalement équivalent à « Je n'aurais d'ailleurs pas dit non […] »
Selon le TLFi, au moyen de « d'ailleurs » on indique un changement de plan logique et on ajoute un élément nouveau sans rapport nécessaire avec ce que l'on vient de dire [et qui renforce ce qui a été dit]
Dans les phrases considérées cet élément nouveau est le fait que l'on n'aurais pas dit non […]
Une forme explicite donne l'équivalent suivant :
- Je le dit en renforcement à ce qui a été dit, je n'aurais pas dit non […]
Le résultat de ces équivalences est la phrase suivante ;
- Il faut le croire, je dit en renforcement à ce qui a été dit que je n'aurais pas dit non […]
Il y a donc un jugement qui porte sur un autre : on doit légitimement reconnaitre le premier comme portant sur le second, tout au moins dans la construction originale.
Si l'on pense que les deux jugements peuvent se combiner on se trompe ; la forme suivante n'est pas équivalente et d'ailleurs elle ne communique pas un état de chose défini ; selon une pratique établie le premier jugement porterait sur ce qui suit la première virgule, à moins que l'on interprète cette virgule comme une virgule de coordination, un simple « et », mais alors on a la seconde phrase, qui n'est pas équivalente.
a Il faut le croire, je le dit en renforcement à ce qui a été dit, je n'aurais pas dit non […]
b Sincèrement, d'ailleurs, je n'aurais pas dit non […] (On ne trouve pas cette combinaison)
a Il faut le croire et je le dit en renforcement à ce qui a été dit, je n'aurais rien eu contre […]
b Sincèrement et d'ailleurs, je n'aurais rien eu contre […] (Il y a encore moins de chance de trouver cette combinaison-ci)
Une construction appropriée se trouve dans la phrase suivante, dans laquelle est utilisée une incise;
- D'ailleurs, -- je le dis sincèrement --, je n'aurais pas dit non […]
B
Les réponses aux trois questions sont faite sur la base des phrases « récupérées ».
- D'ailleurs, je n'aurais pas dit non à un peu de repos bien mérité, sincèrement.
- D'ailleurs, je n'aurais rien eu contre un peu de repos bien mérité, sincèrement.
Q1 Le sens n'est pas strictement équivalent ; « ne pas dire non » et « ne rien avoir contre » n'ont pas la même signification ; on peut avoir beaucoup à dire contre quelque chose et tout en même temps dire oui à cette chose.
- Je n'aurais pas dit non bien que j'avais beaucoup à redire à cette idée de transporter les voyageurs dans des wagons à marchandise.
Néanmoins, dans un contexte simple, les deux seront comprises à peu près comme un quasi oui.
Q2 D'après leur construction (double négation) ces expressions sont sans aucun doute des litotes ; la double négation est un moyen souvent utilisé pour formuler une litote.
Q3 Il n'y a aucun principe qui se dégage clairement contre cet usage (c'est à dire, que je puisse percevoir) mais il ne semble pas imprimer avec assez de force dans l'esprit la signification qu'on en attend. Il semble cependant que les substantifs sont assez naturels dans ce contexte grammatical. Dans les exemples suivants je préfère nettement les phrases avec le substantif.
- Ils ont dit non à partir de bonne heure./Ils ont dit non à un départ de bonne heure.
- Elle a dit non à rechercher ces connections théoriques./Elle à dit non à la recherche de ces connections théoriques.
- La famille a dit non à manger de tels ingrédients./La famille a dit non à la consommation de tels ingrédients.
Possibilités d'utilisation d'un substantif
- D'ailleurs, je n'aurais pas dit non à la prise d'un peu de repos bien mérité, sincèrement.
- D'ailleurs, je n'aurais rien eu contre la prise d'un peu de repos bien mérité, sincèrement.
D'autres combinaisons peuvent remplacer « à la prise de repos », qui est assez « neutre » et pas tout à fait naturel au locuteur français : « au/le réconfort d'un peu de repos », « au/le bienfait réparateur d'un peu de repos »,