Malgré qu'il ait beaucoup travaillé, il a raté son examen.
On entend souvent l'emploi de malgré que dans ce genre de tournure. Est-ce correct ?
L'Académie Française recommande d'éviter l'emploi de "malgré que" comme subordonnant de concession. Cet emploi relève généralement d'une confusion entre conjonction de subordination et préposition.
On préférera employer la conjonction de subordination "bien que" :
Bien qu'il ait beaucoup travaillé, il a raté son examen.
Ou encore la conjonction de subordination "quoique" :
Quoiqu'il ait beaucoup travaillé, il a raté son examen.
Ou bien encore la préposition "malgré" :
Malgré ses efforts, il a raté son examen.
D'abord, il y a une expression figée qui utilise « malgré que » de manière consensuelle : « malgré que j'en aie » (que tu en aies, etc.). Cette expression signifie « en dépit de moi », « malgré moi ». Elle est vieillie ; de nos jours, il faut la considérer comme très soutenue et potentiellement incomprise.
En dehors de ce cas, les dictionnaires prescriptifs considèrent en général « malgré que » comme un usage incorrect. Dans le Dictionnaire de l'Académie française, « malgré que » n'apparaît pas (sauf dans l'usage très particulier ci-dessus). Littré remarque:
Malgré que, dans tout autre emploi que celui qui est indiqué ci-dessus, serait une faute ; et l'on ne peut dire : « malgré qu'il ait agi ainsi », « pour quoiqu'il ait agi ainsi ». La raison en est que malgré que veut dire mauvais gré que, quelque mauvais gré que.
Cela n'empêche pas les dictionnaires descriptifs de recenser des usages. Le Petit Robert note qu'il s'agit d'un « emploi critiqué ». Le Trésor de la langue française indique
locution considérée comme incertaine par les puristes, même suivie du subjonctif; se rencontre exceptionnellement avec l'indicatif dans l'usage oral
Le TLF cite un usage remontant au 18e siècle. L'usage tend à se répandre avec le temps.
En pratique, l'incorrection de « malgré que » est suffisamment connue pour que l'on courre fortement le risque d'être repris si on l'utilise. Cela n'empêche pas de l'entendre (et dans une moindre mesure de la lire) à l'occasion.
Il faut donc considérer « malgré que » comme non standard, mais potentiellement en voie de le devenir. C'est en tout cas à déconseiller dans une rédaction ou à un locuteur non natif.
Non, ce n'est pas une tournure correcte - voir http://www.synapse-fr.com/manuels/MALGRE.htm
Il vaut mieux dire : "bien qu'il ait beaucoup travaillé, il a raté son examen" et, à la rigueur, "malgré le fait qu'il ait beaucoup travaillé, il a raté son examen".
Je n'ai pas mon vieux Grevisse sur moi, donc je me contente pour l'instant de citer quelqu'un le citant, mais de mémoire, son propos (et surtout les patronymes qu'il cite, sont conformes à sa pensée):
malgré que était d’usage courant dans le français classique (XVIIe siècle). Grevisse (le Bon Usage, 13e éd., § 1091-1093) estime qu’il était peut-être d’usage populaire, mais que la locution a perdu ce caractère. Il cite d’ailleurs maints exemples tirés des meilleurs auteurs, appuyés parfois par l’imparfait du subjonctif (il ne s’agit donc pas de mettre seulement un « parler populaire » dans la bouche d’un personnage) : chez Maupassant, Barrès (ne fut-il pas de l’Académie ?), Anatole France (qui y fut la caution de gauche, sans doute. Mais c’est un auteur français dont la langue à la fois claire et pure a su se mettre au service de bien des causes justes, dont la dreyfusiste... et qui fut, on l’ignore trop souvent, couronné du prix Nobel de Littérature), Proust, Mauriac, Cocteau).
Hanse, pour sa part (Nouveau Dictionnaire des difficultés du Français moderne), relève plus simplement que « malgré que, loc[ution] conj[onctive], condamné avec obstination par les puristes, est incontestablement correct au sens de bien que et est suivi du subjonctif. »
Je tâcherai de retrouver ça dans mon exemplaire, d'ailleurs plus ancien.
ÉDITION: paragraphe 978, dans mon édition de 1959 (7e édition). Daudet, Barrès, Régnier, Gourmont, Prévost, Proust, Colette, Mauriac, Romains, Bourget, Bordeaux (entre autres) emploient l'expression. Et de citer Gide, Incidences, p. 73-74 :
J’ai écrit, avec Proust et Barrès, et ne rougirai pas d’écrire encore: malgré que, estimant que, si l’expression était fautive hier, elle a cessé de l’être. Elle ne se confond pas avec bien que, qui n’indique qu’une résistance passive ; elle indique une opposition. Outre les questions de sonorité, l'affaire me semble entendue: non, il n'y a pas d'erreur à employer ce tour.
Malgré ou malgré que ?
Malgré est une préposition signifiant :
contre le gré de quelqu'un
en dépit de quelque chose